L'ouvreur du Racing 92, le Néo-Zélandais Dan Carter. | John Clifton / REUTERS

A Antony (Hauts-de-Seine), la fontaine simili-mythologique du carrefour de la Croix de Berny s’en souvient encore. Il y a une décennie, les rugbymen du Racing Métro se morfondaient en deuxième division française et s’entraînaient dans les installations de l’Union sportive métropolitaine des transports (US Métro).

Aujourd’hui, fini la Pro D2, fini les vestiaires préfabriqués de l’US Métro. Désormais installé dans un centre d’entraînement ultramoderne du Plessis-Robinson, le Racing 92 – sa nouvelle appellation depuis cette saison – se déplace à Nottingham, dimanche 24 mars (à partir de 16 h 15), pour y affronter les Anglais de Leicester en demi-finales de la Coupe d’Europe.

En jeu : se qualifier pour sa première finale de Champions Cup, programmée à Lyon dans trois semaines, où d’autres Anglais, les Saracens, tombeurs des Wasps samedi, l’attendent déjà. Pour le troisième ligne Chris Masoe, arrivé de Toulon l’été passé et peut-être pas au fait des cinq titres de champion de France acquis entre 1892 et 1990, « c’est le plus gros match de l’histoire du club, qu’on a l’opportunité d’écrire ».

En dix ans, le Racing sera donc passé du statut de vieille gloire moribonde à celui de prétendant au titre européen. L’ascension est d’abord à mettre au crédit de la fusion opérée, dès 2001, entre les équipes premières du Racing, club historique du rugby français, et de l’US Métro, rattaché à la Régie autonome des transports parisiens (RATP).

La touche Dan Carter

Puis vint Jacky Lorenzetti. Le fondateur du groupe immobilier Foncia reprend le club en 2006. « Il y aura deux histoires au Racing. Avant et après l’arrivée de Jacky Lorenzetti », reconnaît ainsi l’ancien ailier gauche Philippe Guillard, champion de France 1990 avec les Racingmen d’« avant », dans Midi olympique.

Fort de son nouvel investisseur, le Racing Métro s’attache les services de Pierre Berbizier comme entraîneur, et d’Agustin Pichot, Thomas Lombard ou encore Andrew Merhrtens sur le terrain. Après une finale de Pro D2 perdue en 2008, le club alto-séquannais remonte finalement en première division un an plus tard.

Depuis, d’autres internationaux ont rejoint ses rangs. Ce fut le cas du très médiatique Sébastien Chabal, mais aussi de Lionel Nallet ou de Benjamin Fall. Las : le Racing, quintuple champion de France, a loupé deux occasions d’étoffer son palmarès national : défaite en demies de l’édition 2011 puis 2014 du Top 14.

Pour sa première demi-finale de Coupe d’Europe, une toute jeune compétition d’à peine vingt et un ans, le Racing pourra compter dimanche après-midi sur un sérieux atout : son ouvreur Dan Carter, l’une des seules vedettes mondiales que compte aujourd’hui le rugby, qui a débarqué en France après avoir soulevé la Coupe du monde 2015 avec les All Blacks de Nouvelle-Zélande.

Stade et salle de concert

Touché à un genou il y a deux semaines, Dan Carter avait été amoindri lors du quart de finale de Coupe d’Europe remporté à domicile face au Rugby club toulonnais, triple tenant du titre. Mais pour le demi d’ouverture, pas question de manquer cette demie face aux Leicester Tigers : « Il y a de grandes attentes autour de la Coupe d’Europe. La disputer, après l’avoir découverte avec Perpignan [en 2008-2009], a motivé en partie mon choix de revenir jouer en France. »

Coût de sa venue ? Un salaire annuel estimé à un million d’euros, soit une somme encore jamais atteinte dans le rugby français. Et ce n’est pas tout. Car le Racing, cinquième budget prévisionnel du Top 14 cette saison (24 millions d’euros), n’en a pas fini avec les investissements.

Près de la Grande Arche de La Défense, dans le quartier des affaires, la formation de Lorenzetti a lancé en 2014 un chantier de plus grande envergure : celui de l’Arena 92, un stade de 32 000 places (et même 40 000 lorsqu’il s’agira d’accueillir des concerts) que les Racingmen devraient inaugurer à l’horizon 2017.

En attendant, Dan Carter et ses coéquipiers organisent encore leurs réceptions dans le vénérable stade Yves-du-Manoir de Colombes, témoin d’un âge révolu où le rugby était encore amateur et où la Coupe d’Europe de rugby, créée en 1995, n’existait point encore.