Les réticences allemand concernant le TTIP sont très fortes. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues d'Hanovre samedi. | Markus Schreiber / AP

Le traité de libre-échange transatlantique TTIP « va échouer » si les Etats-Unis ne font pas de concessions, a prévenu le ministre allemand de l’économie Sigmar Gabriel dimanche 24 avril. Le président américain Barack Obama est justement en déplacement en Allemagne pour défendre ce projet.

« Les Américains ne veulent pas ouvrir leurs appels d’offres publics aux entreprises d’Europe. C’est tout le contraire du libre-échange, selon moi », a dénoncé le numéro deux du gouvernement allemand dans une interview au quotidien économique Handelsblatt. « Si les Américains s’en tiennent à cette position, nous n’avons pas besoin de traité de libre-échange. Et le TTIP va échouer ».

Un avertissement lancé alors qu’un nouveau cycle de négociations sur le TTIP, le 13e depuis 2013, va débuter lundi à New York et que M. Obama inaugure dimanche avec la chancelière Angela Merkel la foire industrielle d’Hanovre, grand-messe du « made in Germany ». Les deux dirigeants veulent profiter de l’occasion pour défendre le projet d’accord face à leurs opinions publiques sceptiques.

L’accord de libre-échange provoque des crispations en Allemagne, où entre 35 000 et 90 000 personnes ont manifesté à Hanovre samedi.

L’un des points qui fait le plus débat reste la possibilité aux multinationales de contester les lois d’un Etat devant une justice d’arbitrage. Une inquiétude partagée par le ministre de l’économie allemand, qui a affirmé qu’il « n’approuverai[t] aucun traité qui prévoit un tribunal d’arbitrage privé ». L’administration Obama a tenu à se montrer ouverte à des alternatives à ce sujet.

« Je pense que nous sommes en mesure de trouver un compromis qui remplisse notre objectif commun de protéger l’investissement tout en sauvegardant l’intérêt général », a déclaré la secrétaire d’Etat au Commerce Penny Pritzker, dans une interview à l’hebdomadaire Der Spiegel. Officiellement, Washington et Berlin visent un accord cette année, mais les chances d’un accord n’ont jamais été aussi minces.