« Trois personnes taillent des pierres avec les mêmes outils, au même endroit, au même moment et au même rythme. Ils font rigoureusement la même chose. Le premier a l’air vraiment malheureux, le second ne semble ni heureux ni malheureux. Le troisième, quant à lui, affiche un air ravi, il semble vraiment heureux. Une personne va à leur rencontre et demande à chacun : que faites-vous ? Le premier lui répond amèrement : je taille des pierres pour purger ma peine. Le second répond sur un ton neutre : je taille des pierres car il faut que je nourrisse ma famille. Le troisième répond avec un grand sourire : je taille des pierres pour construire la nouvelle cathédrale ! »

Cela s’appelle une « parabole managériale », une petite histoire légendaire dont on a perdu la source, à mi-chemin entre les Fables de La Fontaine pour enfants et les métaphores de développement personnel. C’est l’un des grands succès de ces consultants en « conduite du management » ou en « innovation managériale » qui facturent jusqu’à 1 000 euros la journée.

Quête de sens

Ces consultants ont compris avant tout le monde que la quête du sens au travail pouvait donner lieu à un business lucratif. Francis Boyer, 46 ans, se targue d’être le premier sur le marché français, avec son cabinet d’innovation managériale fondé en 2009. Sa société, qui propose des « conférences, conseils avec workshop ou co-dév pour faciliter le flexoffice », fonctionnerait « trop bien ». « Je me base sur l’être ensemble”, plus que sur le faire ensemble je fais le contraire de tout ce que font les autres, je n’arrive pas avec des méthodes préconçues, et je permets à mes clients d’endiguer la perte de leurs talents », décrypte cet ancien comptable.

« Un salarié qui dit en séminaire je me sens enfin écouté ou j’ai enfin compris à quoi servait mon boulot, ça, ça vaut très cher, car il est beaucoup plus rentable que quelqu’un qui traîne les pieds », assure Rémi Plantin-Lesage, ancien consultant et futur coach.