Matthias Fekl, le secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur, le 28 avril 2016. | ISSOUF SANOGO / AFP

Au lendemain de la divulgation de documents révélant l’avancée des discussions sur le Tafta, le secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, Matthias Fekl, a révélé mardi 3 mai sur Europe 1 que l’arrêt des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique était aujourd’hui « l’option la plus probable ». Assurant avoir été « le seul membre d’un gouvernement [européen] à tirer la sonnette d’alarme dès 2015 », il justifie ce pessimisme par « l’état d’esprit des Etats Unis ».

« Je dénonce depuis un an l’attitude [des Etats-Unis] », a-t-il insisté. « Nous voulons de la réciprocité. L’Europe propose beaucoup et elle reçoit très peu en échange. Ce n’est pas acceptable », a affirmé M. Fekl.

Il a ensuite énuméré certaines conditions pour trouver un terrain d’entente avec Washington.

« Nous souhaitons que nos PME aient accès au marché américain. Nous souhaitons défendre l’agriculture, les indications géographiques. (…) Cela n’aurait aucun sens d’avoir fait la COP21 [conférence mondiale sur les changements climatiques] en décembre à Paris, ce superbe accord pour l’environnement, et de signer quelques mois après un accord qui viendrait le détricoter. »

Des documents révèlent l’avancée des négociations

Greenpeace a publié lundi des documents confidentiels, que Le Monde a pu consulter, sur ces discussions qui renforcent, selon les associations, la crainte que cet accord commercial conduise à une déréglementation généralisée au profit des grandes entreprises.

Cette série de documents confirme à quel point la discussion est déséquilibrée et peu avancée. Les Européens sont plus impliqués, plus intéressés à la négociation. Ils ont ainsi produit davantage de propositions, veulent notamment obtenir un accès plus grand aux marchés publics américains, la reconnaissance de leurs indications géographiques et de leurs appellations d’origine (comme le parmesan ou le chablis), et une harmonisation la plus poussée possible des standards industriels (automobile, cosmétique…).

Négocié dans le plus grand secret depuis la mi-2013, l’accord du Tafta a pour objet de supprimer les barrières commerciales et réglementaires de part et d’autre de l’Atlantique pour créer une vaste zone de libre-échange censée doper l’activité économique.