A la fois pionnière et unique rescapée des « Printemps arabes », la Tunisie ne parvient pas à faire redémarrer son économie. L’an dernier, une série d’attaques jihadistes a entraîné une baisse vertigineuse de la fréquentation touristique, un des secteurs clés pour le pays faisant ramener sa croissance à un taux inférieur à 1 %.

Pourtant, dans une note de conjoncture présentée mercredi 4 mai, la Banque centrale tunisienne a indiqué tabler sur une reprise progressive de la croissance, à 2 % cette année puis 3,5 % en 2017. Signe de sa grande prudence, l’institution mentionne toutefois la persistance de « risques spécifiques » sur la croissance, dont « l’intensification des crises géopolitiques ».

Ce scénario tient aussi compte d’un « rythme de redressement (...) très lent » de l’activité touristique, relève la Banque. Jusque-là contributeur au Produit intérieur brut (PIB) à hauteur de près de 7 %, ce secteur a connu une année 2015 catastrophique, dans le sillage des attentats du musée du Bardo en mars et de Sousse en juin (50 morts).

Des réformes nécessaires

La Banque centrale fait état d’autres facteurs d’inquiétude, avec un déficit pluviométrique pour la campagne agricole 2016 ou encore l’impact de troubles sociaux sur la production minière. S’agissant de l’inflation, qui a parfois dépassé 6 % après la révolution de 2011, la Banque centrale évoque « une moyenne de 3,6 % » pour 2016 et 4,2 % en 2017.

Pour relancer l’économie, le gouvernement doit mettre prochainement en oeuvre un plan quinquennal basé sur un taux de croissance de 5 %, qui prévoit une accélération des réformes.

Il a obtenu le mois dernier un « accord de principe » du Fonds monétaire international (FMI) pour une nouvelle ligne de crédit d’un montant de 2,8 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) sur quatre ans.

La Tunisie, qui compte 11 millions d’habitants, est notamment confrontée à un taux de chômage massif parmi les jeunes. Elle a connu en janvier sa pire contestation sociale depuis la révolution, partie de Kasserine, dans le centre défavorisé.