Avoir interdit aux homosexuels de travailler au sein du service britannique de renseignements électroniques (GCHQ, pour « Quartier général des communications du gouvernement ») jusque dans les années 1990 est une erreur, a admis l’actuel patron de celui-ci, Robert Hannigan, a rapporté la BBC samedi 16 avril.

Ces excuses publiques, prononcées à Londres dans le cadre d’une conférence de l’organisme Stonewall qui milite pour les droits des personnes LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), ont été encouragées par un ancien espion, Ian, chassé du service dans les années 1960 car sa hiérarchie le soupçonnait d’aimer les hommes.

« Je suis ravi aujourd’hui de lui dire, ainsi qu’à tant d’autres traités de cette manière, à quel point je suis désolé », a fait valoir M. Hannigan.

« Le fait qu’il s’agissait d’une pratique courante depuis des décennies reflète l’intolérance des temps et les pressions de la Guerre froide, mais cela ne rend pas la chose moins grave et nous devons nous en excuser. »

Et ce dernier de s’interroger sur ce qu’auraient pu faire les membres du GCHQ mis sur la touche en raison de leur préférence sexuelle. Le patron des espions a notamment pris l’exemple du mathématicien et cryptologue Alan Turing, estimant que son service n’avait pas « tiré les leçons » de la manière « horrible » dont l’homme avait été traité.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il a en effet joué un rôle majeur dans les recherches qui ont permis de briser les codes utilisés par l’armée allemande. Ce qui, selon plusieurs historiens, a contribué à raccourcir la capacité de résistance du régime nazi de deux ans.

Il a pourtant fait l’objet d’une véritable chasse aux sorcières au sein du GCQH. En 1952, un fait divers lié à son homosexualité lui a valu des poursuites judiciaires et pour éviter la prison, il a été contraint à la castration chimique. Alan Turing a été retrouvé mort dans la chambre de sa maison à Manchester, par empoisonnement au cyanure, en juin 1954. La reine Elisabeth II l’a gracié à titre posthume en 2013.

Désormais, a insisté Robert Hannigan, nommé en novembre 2014, le GCHQ peut se traguer de reposer sur des individus « qui osent être différents ». Et ce dernier de louer notamment l’ouverture de son service à des espions souffrant par exemple de trouble du spectre autistique.