A peine publié et aussitôt enterré, le rapport de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche sur « l’affectation en première année de licence dans les formations à capacités d’accueil limitées » (droit, psychologie, sciences et techniques des activités physiques et sportives [Staps], et première année commune aux études de santé [Paces]), aura fait long feu. Rendu public le 22 avril, ce rapport a immédiatement appelé une réaction du ministère qui a classé sans suite les propositions « politiques » de son inspection.

Parmi les pistes les plus sensibles suggérées par l’administration : la limitation des redoublements en première année de licence. Ces redoublements seraient « subordonnés » à un avis favorable du jury, qui tiendrait compte de l’assiduité de l’étudiant, de ses résultats, etc.

Autre idée peu consensuelle développée par la mission : les lycéens ayant construit un parcours cohérent avec leurs vœux dans le supérieur seraient « prioritaires » dans les filières en tension. L’exemple cité par le rapport concerne les élèves ayant suivi une section sportive scolaire (ancienne sport études) et qui seraient « privilégiés » pour intégrer L1 Staps.

Mettre en place des prérequis

La possibilité d’établir des prérequis à l’entrée de certaines formations est peut-être la proposition la plus sensible. D’autant que la définition de ces prérequis pose un certain nombre de problèmes : il faut qu’ils soient à la fois pertinents au regard de la formation concernée, équitables à l’égard des candidats eux-mêmes et qu’ils puissent être vérifiés de façon relativement simple. « Ils ne doivent être ni trop généraux – auquel cas ils perdraient toute efficacité – ni trop restrictifs », estime l’IGAENR. Le rapport cite l’exemple de deux doubles licences à l’université de Nanterre « droit français-droit du Royaume-Uni » et « droit français-droit allemand ». Pour être admis dans ces parcours non sélectifs et accessibles via la plate-forme APB (admission postbac), les candidats doivent réussir un test de compétence en anglais ou en allemand organisé chaque année par l’université.

Enfin, le rapport propose qu’un conseiller d’orientation donne son avis sur les vœux des bacheliers technologiques et professionnels qui souhaitent entrer à l’université. En contrepartie, les places en sections de technicien supérieur (STS) et en instituts universitaires de technologie (IUT) seraient augmentées.

« Nous avions besoin d’une analyse technique de la situation et des difficultés d’affectation qui ont eu lieu en 2015 pour l’entrée en L1 et en Paces. L’inspection a fait cette analyse et a fait ensuite des propositions qui ne seront pas reprises car il y a eu un arbitrage politique… », admet l’entourage de Thierry Mandon, le secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, un peu emprunté, alors qu’une nouvelle concertation sur la sélection en master doit s’ouvrir dans les prochains jours.

La demande dépasse l’offre

Si le ministère refuse toute forme de sélection à l’entrée de l’université, reste que les demandes d’inscriptions continuent d’augmenter chaque année et que les filières en tension pratiquent une forme de sélection arbitraire : le tirage au sort.

De fait, les chiffres du ministère montrent que ce procédé sera incontournable car « en deux ans, le nombre de premiers vœux pour une licence a augmenté de 6 % », et les quatre mentions les plus demandées restent la Paces (qui représente 17,3 % des vœux), droit (12,1 %), Staps, (10,7 %) et psychologie (7,7 %). Ces disciplines totalisent à elles seules près de 50 % des premiers vœux….