Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, le 1er mai à Caracas. | JUAN BARRETO / AFP

Devenu ces derniers mois la cible d’un mécontentement populaire grandissant dans un contexte de crise économique, le président vénézuélien Nicolas Maduro pourrait faire l’objet d’un référendum. L’opposition a annoncé lundi 2 mai avoir déposé « 1,85 million » de signatures auprès du Conseil national électoral (CNE) en faveur de l’organisation d’une consultation populaire sur le maintien au pouvoir du dirigeant socialiste.

La veille, la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, avait revendiqué 2,5 millions de soutiens à cette initiative. Ce chiffre avait été communiqué avant révision pour son dépôt officiel, prévu initialement mardi. Les signatures ont été obtenues en à peine deux jours la semaine dernière, les habitants s’étant déplacés en masse aux différents points de collecte installés dans le pays.

Un succès aussi rapide « est probablement un record mondial », s’est félicité l’un des chefs de l’opposition, Henrique Capriles, dans une intervention filmée et diffusée par le biais du réseau social Twitter. « C’est en outre une démonstration de poids que nous les Vénézuéliens choisissons la voie constitutionnelle, démocratique, pacifique. Nous voulons décider avec notre vote l’avenir de notre pays », a ajouté le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013.

« L’être humain le plus attaqué au Venezuela »

Le CNE doit désormais établir si le minimum de voix requis (195 721, 1% de l’électorat) a été atteint. Il sera ensuite chargé d’appeler les signataires qui devront confirmer en personne leur choix. Ce processus pourrait prendre un mois, voire plus si le Conseil, réputé proche du gouvernement, tente de le retarder. L’opposition devra franchir une deuxième étape en réunissant quatre millions de voix en trois jours pour convoquer le référendum, qu’elle espère organiser dès fin novembre.

Ce dispositif révocatoire n’a été utilisé qu’une seule fois dans l’histoire du pays : contre l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013) en 2004. Il s’était soldé par un échec. Cette fois, il pourrait bénéficier de la grogne sociale croissante, illustrée par les émeutes et pillages de ces derniers jours à Maracaibo, deuxième ville du pays. Selon un récent sondage, 68 % des Vénézuéliens, excédés par les pénuries et une inflation à trois chiffres, souhaitent un départ du président le plus vite possible et une nouvelle élection.

Mais Nicolas Maduro, l’héritier politique d’Hugo Chavez, garde un pouvoir important grâce au contrôle du gouvernement et de la plupart des institutions. Il a d’ailleurs exhorté ses partisans à se « déclarer en rébellion et décréter une grève générale indéfinie » en cas de succès du référendum, se plaignant d’être « l’être humain le plus attaqué au Venezuela ».