Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, devant les actionnaires réunis en assemblée générale à l’Olympia, le 21 avril. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi, a évoqué jeudi 21 avril le risque de faillite du groupe Canal+ en raison de l’accumulation des pertes de la branche de télévision payante en France. « Si les pertes continuent, il y a un moment où il faudra arrêter le robinet, parce que Vivendi ne pourra pas apporter de l’argent indéfiniment à Canal+ », a-t-il menacé, devant les actionnaires réunis en assemblée générale à l’Olympia.

L’homme d’affaires breton a également fait passer ce message dans une lettre adressée aux salariés, où il explique sa stratégie et le renouvellement du management :

« Nous ne pouvions risquer de voir une de nos filiales historiques françaises nous entraîner dans sa faillite. »

Il a ainsi justifié toutes les mesures prises pour limiter les pertes de Canal+, même quand elles ont suscité l’hostilité des salariés du groupe. « Quand on dit aux gens vous n’êtes plus 469 à partir vous n’êtes plus que 50, on n’est pas populaire », mais « on préfère mettre cet argent dans les programmes », a-t-il assuré, déclenchant les applaudissements des actionnaires.

Vincent Bolloré a aussi reconnu qu’il n’était pas très « populaire » depuis le départ de vingt dirigeants du groupe, vécu en interne comme une « purge ».

Revenir à l’équilibre en 2018

Aujourd’hui, Canal+ accumule une dette d’environ un milliard d’euros. Si ses chaînes en clair D8 et D17 sont « dans la rentabilité », la chaîne d’informations en continu iTélé est dans le rouge. Après une perte de 16 millions d’euros en 2014 et 20 millions en 2015, iTélé devrait encore afficher une perte de 24 millions cette année, alors même que la concurrence s’intensifie avec l’arrivée en gratuit de LCI (groupe TF1) et le projet de chaîne d’infos de France Télévisions.

La perte opérationnelle des chaînes payantes de Canal+ pourrait être « de plus de 400 millions d’euros en 2016 si on ne réagit pas », a souligné devant les actionnaires Stéphane Roussel, le directeur général en charge des opérations de Vivendi, après une perte de 264 millions d’euros enregistrée en 2015.

Malgré tout, le groupe Canal+ reste dans son ensemble nettement rentable. Avec le bouquet CanalSat, les chaînes gratuites et payantes en France, ses activités en Pologne, au Vietnam et en Afrique, il a affiché l’an dernier un bénéfice opérationnel de 454 millions d’euros.

« Est-ce que ça vaut la peine de sauver Canal+ ? Moi personnellement je réponds oui », a assuré Vincent Bolloré. Il ambitionne de faire de Vivendi un champion européen capable de lutter face aux géants numériques américains comme Google, Apple, Facebook, Amazon, etc. et aux producteurs de contenus comme Disney.

Pour y parvenir, le président du conseil de surveillance de Vivendi compte imposer à Canal+ une cure d’austérité. Les dépenses du groupe ont déjà été réduites, en commençant par les frais engagés pour le festival de Cannes. Vivendi avait annoncé en février son objectif de voir Canal+ revenir à l’équilibre en 2018.