Xavier Veilhan. | DR

C’est l’une des dernières médailles qui lui manquait: le plasticien Xavier Veilhan représentera la France à la prochaine Biennale de Venise, à l’été 2017. Sculpteur aux multiples talents, né en 1963, il succède à Céleste Boursier-Mougenot et, avant lui, Christian Boltanski, Sophie Calle, Annette Messager ou encore Pierre Huyghe, avec qui il fit ses premiers pas dans l’art, il y a plus de vingt ans.

Cette consécration est l’aboutissement d’un parcours extrêmement varié, qui l’a vu exposer au Mamvp et au centre Pompidou (son Rhinocéros rouge Ferrari en est une des icônes), envahir juste après Koons le château de Versailles, conquérir le cœur des musiciens du moment comme celui du puissant galeriste Emmanuel Perrotin, tout en flirtant avec le cinéma, ou en assiégeant de ses oeuvres les plus belles architectures de la modernité (des villas californiennes de Richard Neutra à la maison du fada du Corbusier).

Carrosse de Xavier Veilhan, cour du Palais Saint-Vaast. | FlicKr_OliBac

Connu du grand public pour ses énormes sculptures animales, posées sur les places de Tours ou de Bordeaux, le nom de Veilhan a été retenu parmi 24 dossiers, certains de haut-vol (Bertrand Lavier, Sheila Hicks, Stéphane Calais ou Ulla van Brandebourg). Défendu par deux commissaires, Lionel Bovier (nouveau directeur du Mamco de Genève) et Christian Marclay, brillant plasticien et musicien, son projet vénitien cristallise ses recherches des dix dernières années. Intitulée Merzbau musical, en référence à la sculpture mythique et bordélique du dada Kurt Schwitters, cette installation s’inspirera d’un studio d’enregistrement où seront mis à disposition du public, dans un chaos de formes, toutes sortes d’instruments de musique, existant ou inventés pour l’occasion.

Une proposition à mi-chemin entre les chorégraphies d’objets que Veilhan a mises en scène en collaboration avec les musiciens Air ou Sébastien Tellier, et la réflexion sur le concept même d’exposition qui le travaille depuis toujours. Pour le meilleur (sa monographie au musée d’art moderne de Strasbourg, en 2005), comme pour le pire (certaines de ses expositions en galerie tiennent plutôt du défilé de mode). Se définissant lui-même comme un « artiste classique », qui cherche avant tout « l’efficacité visuelle, cet impact atemporel des images, qui transcende toute littérature sur l’art », il fait en tout cas partie de ceux qui travaillent au mieux l’exposition comme espace de sensations et d’immersion. Ce qui a, paraît-il, séduit le jury.