Le président nigérian Muhammadu Buhari et son homologue français François Hollande, à Abuja, au Nigeria, lors d’un sommet consacré à la sécurité dans la région, le samedi 14 mai 2016. | AFOLABI SOTUNDE / REUTERS

C’est dans un rôle de parrain militaire qu’est apparu François Hollande, samedi 14 mai, à Abuja, la capitale du Nigeria. Après une brève escale centrafricaine pour annoncer le terme de l’opération « Sangaris », le président français poursuit sa logique de diplomatie sécuritaire sur le continent africain.

Venu assister à un second sommet consacré à la lutte contre Boko Haram, une rencontre qu’il avait initié deux ans plus tôt à Paris, le chef de l’Etat s’est engagé à« amplifier » les efforts de la France dans le combat contre ce groupe djihadiste et dans le développement du Bassin du Lac Tchad, l’un de ses derniers sanctuaires. Seul président occidental au milieu de huit de ses homologues africains (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger, Sénégal, Gabon, Togo et Bénin), des chefs de la diplomatie européenne, britannique, et du numéro deux du Département d’état américain, François Hollande se veut « l’aiguillon de la mobilisation internationale », selon son entourage, contre « le groupe terroriste le plus meurtrier au monde en 2015. »

Malgré « les résultats déjà impressionnants » ayant permis d’affaiblir militairement et de réduire l’emprise territoriale du mouvement qui depuis son allégeance à l’Etat islamique a pris le nom de Wilaya d’Afrique de l’Ouest, François Hollande a appelé à « poursuivre avec acharnement le combat » contre les djihadistes qui continuent de mener une politique de terreur en multipliant les attentats, le plus souvent kamikazes. « Nous devons appuyer les armées de la région. La France prendra toute sa part et je sais que nous pourrons compter sur les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union européenne pour apporter des fonds… Il est indispensable que la communauté internationale fasse plus. », a-t-il insisté.

1,7 milliard d’euros d’aide versé par l’Europe

Alors que Muhammadu Buhari, le président du Nigeria, a évalué l’aide nécessaire à 960 millions d’euros pour « éradiquer les causes » sur lesquelles « prolifère le terrorisme », Paris qui a déjà affecté 25 millions d’euros pour la coopération avec les armées des quatre pays de la région (Nigeria, Cameroun, Tchad et Niger) et 17 millions d’euros d’aide humanitaire, s’est engagé à lancer un projet de l’Agence française de développement spécifique sur la région du Lac Tchad.

Quelques jours après que son premier ministre a déclaré que le Nigeria est« fantastiquement corrompu », le chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, a lui promis une aide de 40 millions de livres (plus de 57 millions d’euros), étalée sur les quatre prochaines années pour soutenir la lutte antiterroriste et indiqué que son pays formera un millier de soldats nigérians. La commission européenne a, pour sa part, annoncé le versement de 50 millions d’euros, qui étaient bloqués depuis juillet 2015 au niveau de l’Union africaine, pour soutenir les armées camerounaises, nigériennes et tchadiennes qui ont formé avec le Nigeria une Force multinationale mixte (FMM), et le versement sur trois ans d’1,7 milliard d’euros d’aide humanitaire et de programmes de développement pour les régions affectées.