Une poubelle à Manhattan le 5 mai. A compter du 1er octobre à New York chaque sac plastique coûtera 5 cents. | SPENCER PLATT / GETTY / AFP

Au supermarché à New York, on se retrouve souvent avec autant de sacs que d’articles achetés. Et pour les produits lourds, l’employé n’hésitera pas à vous mettre un premier sac dans un deuxième, voire un troisième pour améliorer la résistance du contenant. Autant d’emballages qui, une fois arrivé à votre domicile, finissent directement à la poubelle. Cette société du « tout plastique » vit pourtant sans doute ses derniers jours. La municipalité a en effet voté, jeudi 5 mai, une mesure visant à réduire la consommation de sacs à usage unique en les rendant payant. A partir du 1er octobre, chaque emballage coûtera 5 cents (4 centimes d’euros) afin d’inciter les clients à utiliser des cabas pour limiter l’impact sur l’environnement.

La mesure n’est pas inédite aux États-Unis. Plus de 150 municipalités américaines, dont Washington et plusieurs grandes villes de Californie, ont déjà adopté le sac payant. Mais à New York, la décision a été prise dans la douleur. L’ancien maire de New York Michael Bloomberg s’était déjà attaqué au sujet en 2008. Sans succès. Son successeur, Bill de Blasio, a repris le flambeau, mais après deux ans de débats, le projet n’a été adopté qu’à une faible majorité (28 voix contre 20).

Dix milliards de sacs jetés chaque année

Le sujet est pourtant bien réel : le service d’assainissement de la ville a calculé que les New-Yorkais jettent chaque année dix milliards de sacs, soit 19 000 par minutes, dont une partie échoue dans les arbres, les rues ou s’envolent dans la mer et les rivières. Leur récupération et leur destruction coûtent chaque année 12,5 millions de dollars à la municipalité.

« Tout le monde sait que les sacs plastique sont un problème », a expliqué Brad Lander, un démocrate de Brooklyn, promoteur de la loi. « Ils volent partout. Ils ne sont pas biodégradables. Ils sont fabriqués à partir de pétrole et nous n’en avons pas besoin », a-t-il ajouté. D’autant que faire payer les sacs a déjà fait preuve de son efficacité : à Washington, six ans après l’adoption de la mesure, leur nombre a diminué de 60 %.

Mais la mesure fait aussi grincer des dents. Steven Matteo, un conseiller municipal républicain de Staten Island accuse la majorité d’imposer une nouvelle taxe aux New-Yorkais, qui, selon lui, seront désormais ravis d’aller faire leurs courses dans l’Etat voisin New Jersey. Toutefois, il ne s’agit pas d’un nouvel impôt dans la mesure où les 5 cents n’iront pas dans les caisses de la mairie, mais dans la poche des commerçants.

Un New-Yorkais transporte ses courses dans des sacs en plastique. | SPENCER PLATT / GETTY / AFP

D’autres s’insurgent contre l’aspect discriminant de la mesure entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas. « Bien sûr que ça m’énerve de payer une fois de plus, explique Sally, 34 ans, une cliente qui faisait emballer ses courses jeudi à la caisse d’un petit supermarché de l’Upper West Side sur Columbus Avenue. Mais en même temps, si l’on veut que ça change, il faut bien une contrainte ». Pour Mary, la cinquantaine, « c’est une très bonne idée, c’est bon pour l’environnement. J’ai déjà commencé à prendre systématiquement mes propres sacs. Il faut juste y penser avant d’aller faire ses courses ».

Bill de Blasio estime que la nouvelle loi « va faire rapidement évoluer les comportements, sans toucher de façon significative le portefeuille des gens ». De fait, les personnes les plus pauvres utilisant des bons alimentaires pourront toujours bénéficier de la gratuité des sacs. Une exemption qui concerne 1,8 million d’allocataires sur les 8,5 millions d’habitants que compte New York.

Par ailleurs, la loi exclut les restaurants qui livrent à domicile, les vendeurs de rue, les pharmacies et les magasins d’alcool qui pourront toujours distribuer gratuitement des sacs. En revanche, les sacs en papier seront aussi payants, les promoteurs de la mesure ont en effet estimé qu’ils avaient également un impact sur l’environnement. Ils veulent ainsi éviter que les commerçants se contentent juste de passer du plastique au papier.