Après Denis Baupin, accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par huit élus écologistes, c’est le ministre des finances, Michel Sapin, qui est mis en cause pour un geste déplacé envers une journaliste. Les accusations portées à son encontre datent d’avril, mais c’est mercredi 10 mai que le ministre, proche de François Hollande, a fait parvenir un communiqué à l’Agence France-Presse (AFP) pour dénoncer des « accusations totalement fausses », qui seraient du ressort de la « calomnie ».

  • Quels faits sont reprochés à Michel Sapin ?

Dans leur livre L’Elysée off, sorti chez Fayard en avril, les journalistes Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri évoquent un geste déplacé de Michel Sapin envers une journaliste, lors du Forum économique de Davos en 2015.

« Ne vous avisez pas de ramasser un stylo devant lui, sous peine qu’il ne puisse retenir sa main en murmurant : “Ah ! mais qu’est-ce que vous me montrez là ?” Ou qu’il ne vous fasse claquer l’élastique de la culotte. »

Cet épisode avait été relaté, de façon différente, dans une tribune signée par quarante femmes journalistes, publiée en mai 2015 dans Libération. Les autrices évoquaient un « ministre qui, nous voyant penchée pour ramasser un stylo, ne peut retenir sa main en murmurant : “Ah, mais qu’est-ce que vous me montrez là ?” ».

Après la révélation des accusations contre Denis Baupin, l’ancienne collègue de Michel Sapin au gouvernement Delphine Batho a, elle, assuré qu’il ne s’agissait que « la partie émergée de l’iceberg ». « Maintenant, il faut faire le grand ménage. Il y a un ministre qui doit s’expliquer, présenter des excuses pour le moins », a-t-elle déclaré au sujet de Michel Sapin.

  • La version de Michel Sapin

Lors d’un point presse mardi, M. Sapin a soutenu qu’« on [était] dans un domaine total de calomnie », appelant à ne pas « faire la confusion entre des noms qui n’ont rien à voir ». « Il s’agit d’allégations qui sont totalement fausses, qui sont d’ailleurs déclarées comme telles par des personnes qui pouvaient être directement ou indirectement concernées », a poursuivi le ministre.

Dans la soirée, le ministre a transmis à l’AFP un communiqué dans lequel il souligne que « les circonstances actuelles » de l’affaire Baupin l’« obligent à apporter, en toute transparence, les précisions nécessaires » sur les faits qui lui sont reprochés.

« Lors d’un déplacement en janvier 2015 à Davos, au milieu d’une vingtaine de personnes, j’ai fait à une journaliste une remarque sur sa tenue vestimentaire en posant ma main sur son dos. Il n’y avait dans mon attitude aucune volonté agressive ou sexiste, mais le seul fait d’avoir choqué la personne en question démontre que ces paroles et ce geste étaient inappropriés, et j’en ai été et en suis encore désolé », affirme le ministre. « Dans les minutes qui ont suivi, la journaliste a demandé à me voir en tête à tête pour me faire part de son indignation. Je lui ai évidemment présenté mes très sincères excuses », ajoute-t-il.

Agressions sexuelles en politique : il y a « une omerta » et un « tabou »
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