La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, le 6 mai à Brasilia. | EVARISTO SA / AFP

Nouveau rebondissement dans le dossier de destitution de la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Alors que le Sénat doit se prononcer, mercredi, sur la poursuite de la procédure, un député du Parti des travailleurs (PT-gauche, au pouvoir) a présenté un recours auprès de la Cour suprême (STF) pour tenter de bloquer celle-ci.

Paulo Teixeira a ainsi demandé au Suprême tribunal fédéral (STF) d’annuler le vote du 17 avril à l’Assemblée, première étape vers l’éviction du pouvoir de Mme Rousseff. L’élu estime que les résultats de ce scrutin sont nuls, car les chefs de file des différents partis ont fait pression sur leurs députés, rapporte la presse locale samedi 7 mai.

Ce jour-là, une majorité écrasante de députés – 367 contre, 137 contre, 7 abstentions et deux absences – avaient approuvé en séance plénière la procédure de destitution contre la dirigeante de gauche, accusée par l’opposition de maquillage des comptes publics en 2014, année de sa réélection.

« Clairement violé le droit au libre arbitre »

M. Teixeira se base sur le fait que le très controversé président du Congrès des députés Eduardo Cunha – stratège de la procédure de destitution et qui a dirigé le vote le 17 avril – a été suspendu, jeudi, par la justice pour entrave aux enquêtes pour corruption le visant dans le scandale Petrobras.

Le député de gauche allègue que les dirigeants des groupes parlementaires, sous l’emprise de M. Cunha, ont « clairement violé le droit au libre arbitre » des élus, ce qui est interdit dans la loi sur l’impeachment. Il affirme que nombre d’entre eux ont voté par peur de représailles, comme la possibilité d’être expulsés de leur parti en cas de désobéissance.

« Malheureusement, je ne vais pas pouvoir voter comme mon cœur me le dit. Mais comme je ne peux désobéir à un ordre de mon parti, je m’abstiens de voter », avait notamment déclaré le député Mario Negromonte (PP-droite), rappelle M. Teixeira.

La vengeance d’Eduardo Cunha

Avant le 17 avril, le gouvernement avait déjà tenté sans succès de bloquer la procédure de destitution, mais tous ses recours auprès du STF avaient été rejetés.

L’avocat, José Eduardo Cardozo, qui défend Mme Rousseff, a fait part également de son intention de présenter une nouvelle requête auprès de la Cour suprême dans ce dossier, alléguant qu’Eduardo Cunha l’avait acceptée pour se venger car elle n’avait pas pris son parti quand il a été accusé de corruption.

Malgré l’insistance des partisans de la présidente, le STF semble peu enclin à revenir sur la décision du Congrès et selon les sondages et comptages de la presse, la présidente devrait être écartée du pouvoir mercredi par une majorité de sénateurs.