« Je mettrais beaucoup la pression sur la Chine parce qu’économiquement nous avons énormément de pouvoir sur la Chine. Les gens ne savent pas cela », déclare Donald Trump. | LUCAS JACKSON / REUTERS

Donald Trump, seul candidat encore en lice à l’investiture républicaine, a présenté, lors d’une interview à l’agence Reuters, quelques-uns des points de la politique étrangère qu’il compte mener s’il est élu.

  • Renouer le dialogue avec la Corée du Nord

Point le plus marquant, Donald Trump se dit prêt à parler au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pour le convaincre de renoncer à son programme nucléaire. Cette disposition contraste avec la politique de Barack Obama consistant à s’appuyer sur de hauts responsables américains pour s’adresser aux dirigeants nord-coréens.

« Je mettrais beaucoup la pression sur la Chine parce qu’économiquement nous avons énormément de pouvoir sur la Chine. Les gens ne savent pas cela. […] Ils tirent de chez nous des milliards de dollars. Des milliards. Nous avons un immense pouvoir sur la Chine. La Chine peut régler ce problème [avec la Corée du Nord] par une rencontre ou par un coup de fil (…) parce qu’ils ont un pouvoir immense sur la Corée du Nord. »

Lorsqu’un journaliste de Reuters lui rappelle que la Corée du Nord possède l’arme nucléaire, l’homme d’affaires a répliqué : « Je le sais. La Chine aussi d’ailleurs. »

Les Etats-Unis et la Corée du Nord n’ont plus de relations diplomatiques officielles depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Washington cherche depuis à isoler Pyongyang notamment par des sanctions économiques en réponse au programme nucléaire de la Corée du Nord qui, de son côté, multiplie les provocations et les menaces à son encontre.

L’ex-secrétaire d’Etat Hillary Clinton, favorite de la course à l’investiture démocrate pour l’élection du 8 novembre, a estimé que Donald Trump cultivait une « étrange fascination » pour les dirigeants autoritaires étrangers.

  • Renégocier l’accord de Paris

Le milliardaire new-yorkais dit ne « pas être un chaud partisan » de l’accord de Paris sur le climat. Une renégociation de l’accord représenterait un revers de taille pour ce qui a été présenté comme le premier accord sur le climat d’une véritable portée internationale.

« Je me pencherai sur la question très, très sérieusement, et au minimum je renégocierai l’accord ; c’est un minimum. Et au maximum, j’irai plus loin. »

Laurent Fabius, qui dirigeait la diplomatie française lors de la conférence de Paris, a estimé ce mois-ci que l’élection présidentielle américaine serait cruciale pour l’avenir de l’accord, car si un opposant à ce pacte venait à être élu, cela menacerait fortement toute démarche internationale contre les perturbations climatiques.

  • Changement de ton vis-à-vis de David Cameron

M. Trump semble avoir changé de position à l’égard du premier ministre britannique, David Cameron, déclarant mardi qu’il espérait avoir « de bonnes relations » avec lui s’il devient président des Etats-Unis, après avoir prédit le contraire dans une interview diffusée lundi.

« Il a beaucoup de problèmes, et je pense qu’il a été maladroit. […] Je suis certain que j’aurai de bonnes relations avec lui. »

Prié de dire quel dirigeant étranger il aimerait rencontrer en premier s’il était élu à la Maison Blanche, M. Trump a répondu :

« Je n’ai aucune préférence en termes de calendrier. Je les rencontrerai, nous aurons de meilleures relations avec les pays étrangers que nous en avons à l’heure actuelle. »
  • Trump rencontre d’anciens secrétaires d’Etat

Donald Trump rencontrera mercredi l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, rapportait, lundi, le Washington Post en citant trois personnes proches du magnat de l’immobilier. La rencontre, qui aura lieu à New York, fera suite à plusieurs semaines de conversations téléphoniques entre le candidat et M. Kissinger, lequel fêtera ce mois-ci ses 93 ans et a dirigé le département d’Etat sous Richard Nixon et Gerald Ford.

La semaine dernière, Donald Trump a rencontré un autre ancien secrétaire d’Etat, James Baker, qui a déclaré le même jour lors d’une audience au Congrès que les projets de Trump en politique étrangère rendraient le monde plus sûr.

  • Programme économique à détailler

Donald Trump annonce en outre à Reuters qu’il détaillera son programme économique dans deux semaines et propose de démanteler la quasi-totalité de la réforme Dodd-Frank adoptée après la crise financière de 2007-2009 pour éviter à l’Etat fédéral de devoir renflouer des établissements financiers en difficulté. Pour Trump, la loi de 2010 concernant la réforme Dodd-Frank représente une « force très négative ». Mme Clinton a de son côté jugé « dangereuse » cette proposition d’abrogation.

Enfin, concernant la Réserve fédérale américaine, Donald Trump a déclaré que si, au bout du compte, il souhaitait voir un républicain nommé à sa tête, il « n’est pas un ennemi » de l’actuelle présidente, Janet Yellen, laquelle a été nommée par Barack Obama. « Je ne suis pas de ceux qui pensent que Janet Yellen fait du mauvais travail », dit-il dans l’interview.