Denis Baupin à l'Assemblée nationale, le 2 juillet 2013. | JACQUES DEMARTHON / AFP

A la suite de la publication, par Mediapart et France Inter, de témoignages de huit femmes rapportant avoir été victimes d’actes d’agressions et de harcèlement sexuels de la part du dirigeant historique des Verts Denis Baupin, de nombreux hommes et femmes politiques ont appelé à sa démission de la vice-présidence de l’Assemblée nationale, lundi 9 mai.

Claude Bartolone, président de la chambre, avait fait savoir dans un communiqué lui en avoir fait la demande lundi matin. Peu après, Denis Baupin a annoncé avoir présenté sa démission. Ses avocats ont toutefois assuré qu’il contestait les accusations formulées à son encontre et envisageait de porter plainte. Le député de Paris a récemment quitté le parti Europe Ecologie-Les Verts, le 18 avril.

Ainsi, David Cormand, secrétaire national par intérim d’EELV, interrogé par Le Monde, avait affirmé : « Il ne peut plus occuper cette fonction et doit en démissionner. Pour moi, c’est une évidence. » Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, avait de son côté appelé le député de Paris à « tirer toutes les conséquences »« Les hommes politiques, vis-à-vis de ces pratiques de harcèlement sexuel, devraient être exemplaires et, visiblement, ce n’est pas le cas », a-t-elle constaté sur France Info, se disant « extrêmement choquée » par les témoignages.

Emmanuelle Cosse montrée du doigt

Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée, a appelé sur Europe 1 Denis Baupin à s’expliquer pour des faits qu’il juge « graves ». Pour Luc Carvounas, sénateur PS du Val-de-Marne, s’exprimant sur LCP, « il ne faut rien laisser passer, que ce soit du harcèlement moral, du harcèlement sexuel » même si, à l’heure actuelle, « il y a présomption d’innocence qui existe pour Denis Baupin. Mais cela nécessite forcément – il est vice-président de l’Assemblée nationale – des explications ».

« Les écologistes ne sont pas épargnés par ce type de comportement », a déploré Noël Mamère, maire écologiste de Bègles et ex-EELV, soulignant son malaise et sa honte, tout en se disant « fier que les femmes se soient décidées à parler ». « Ça va sans doute aider d’autres femmes, qui aujourd’hui sont harcelées et victimes de violence », a-t-il estimé.

L’élu EELV au Conseil de Paris Yves Contassot souligne, lui, la responsabilité d’Emmanuelle Cosse, ex-secrétaire nationale d’EELV et épouse de Denis Baupin : après des allusions à des rumeurs d’agressions sexuelles dans le parti « assez récemment dans un conseil fédéral, à la surprise générale la personne qui est montée à la tribune pour demander qu’on arrête de discuter ça, c’est sa compagne, c’est Emma Cosse (…). Elle est montée à la tribune pour dire ça suffit, je refuse qu’on continue de débattre de cette question », raconte-t-il sur RMC.

Pétition pour « lever l’omerta »

Dans un communiqué, l’association Osez le féminisme demande à « en finir avec l’impunité des puissants » :

« Penser que l’affaire Denis Baupin est isolée est une erreur : depuis plusieurs années, des hommes politiques ont été impliqués dans des affaires de violences machistes : Dominique Strauss-Kahn (qui mit fin à la procédure judiciaire américaine par une transaction financière), George Tron (renvoyé aux assises pour viols aggravés), plus récemment Jean-Michel Baylet (article paru dans Buzzfeed le 10 mars dernier), Michel Sapin, et maintenant Denis Baupin. Pour cinq affaires qui sortent publiquement, combien d’autres sont étouffées, dissimulées, condamnant les victimes au silence ? »

Une pétition, créée par le collectif Levons l’omerta et relayée par la militante féministe Caroline De Haas, a été lancée sur la plate-forme Change.org. Elle s’adresse aux responsables de partis politiques et aux présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental, leur demandant notamment d’inscrire dans leurs statuts que tout responsable de parti ou élu auteur de violences sexuelles est exclu, et d’inscrire dans le règlement intérieur, déclaration de principe ou de statuts de leur parti ou institution la lutte contre les violences sexuelles comme une priorité.