Le 12 juillet 2013, le déraillement d’un train en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts et des dizaines de blessés, à cause d’une éclisse – sorte de grosse agrafe sur l’aiguillage. | © GONZALO FUENTES / Reuters / REUTERS

Les rescapés de la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne), qui avait fait sept morts en 2013, sont reçus lundi 9 mai par les trois juges d’instruction chargés du dossier. Une première après trois ans d’enquête. Pour MGérard Chemla, conseil de l’association Entraide et défense des victimes de la catastrophe de Bretigny : « C’est la moindre des choses. On attendait celui depuis plusieurs mois, c’est curieux que ça n’arrive que maintenant. »

Près de trois ans après l’ouverture de l’information judiciaire, « les victimes n’ont bénéficié d’aucune information de la part des juges d’instruction », avait souligné MChemla dans une lettre adressée aux juges au début de février et consultée par l’Agence France-Presse.

Lundi 9 mai, Le Parisien publie des documents issus du dossier de l’enquête d’« une vingtaine de tomes ». Selon le quotidien, les erreurs et les négligences ont été nombreuses sur les voies ferrées de Brétigny depuis plus de vingt ans :

« D’une erreur de conception dans l’installation des voies de la gare de Brétigny, dès 1991, jusqu’à des opérations de maintenance vitales dont les juges d’instruction ont acquis la certitude qu’elles n’avaient pas été effectuées pendant des années, en passant par le vieillissement des infrastructures et la hausse du trafic, l’histoire ne pouvait que se terminer par un drame. »

Des problèmes de géométrie de voies et de compétences

Le dossier judiciaire met notamment en avant des soucis de fabrication dès le départ, en 1991 : « C’est à cette date en effet que le fameux TJD 6/9, l’aiguillage de Brétigny où s’est produit l’accident, a été installé. Or, selon nos informations, dès le début, des problèmes de géométrie de voies apparaissent. Le maintenir en bon état se révèle d’autant plus difficile que l’infrastructure a été réalisée sur un terrain qui contient de la glaise. »

Le dossier judiciaire pointe également des problèmes de compétences des agents techniques à Brétigny :

« L’enquête montre ainsi que l’auscultation des voies grâce à un marteau — seule méthode pour détecter une fissure sans démonter l’appareil de voie — n’était pas maîtrisée. (…) Entendu par les enquêteurs, un ancien DPX résume : “Sur Brétigny nous avions seize agents dont deux en délégation périodique. Sur les quatorze restants il y avait peut-être deux agents ayant des compétences techniques correctes, qui actuellement sont à la retraite. Ce qui est peu pour motiver les autres agents.” »

SNCF et Réseau ferré de France mis en examen

Le 12 juillet 2013, le déraillement d’un train en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts et des dizaines de blessés, à cause d’une éclisse – sorte de grosse agrafe sur l’aiguillage –, dont une fissure n’avait pas été détectée lors des tournées de surveillance, et dont trois des quatre boulons s’étaient cassés ou dévissés. L’éclisse avait alors pivoté, provoquant l’accident.

Depuis l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet d’Evry, seules deux personnes morales ont été mises en examen, la SNCF et Réseau ferré de France (RFF), tous deux mis en cause pour homicides et blessures involontaires.
Trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, ont été placés à la mi-janvier sous le statut de témoin assisté.