Opération antiterroriste à Mnilha, dans la banlieue de Tunis, le 11 mai. | FETHI BELAID / AFP

Huit personnes — quatre gendarmes et quatre djihadistes — ont été tuées mercredi 11 mai en Tunisie lors de plusieurs opérations antiterroristes qui confirment la permanence du défi sécuritaire auquel doit faire face la jeune démocratie tunisienne. Les quatre membres des forces de l’ordre ont trouvé la mort dans le gouvernorat de Tataouine, dans le sud du pays, lorsqu’un kamikaze s’est fait exploser à proximité d’une unité de la garde nationale (gendarmerie) intervenant contre un repaire d’homme armés. Selon le ministère de l’intérieur, un autre « terroriste » a été tué, portant le bilan de cette opération à Tataouine à six morts.

Un peu plus tôt dans la journée, une autre intervention des forces de l’ordre avait fait deux morts « terroristes » à Mnilha, dans la banlieue de Tunis, la capitale. Simultanément, quatre personnes étaient arrêtées dans une cité de la Manouba, toujours dans l’agglomération de Tunis. Selon le ministère de l’intérieur, l’opération de police dans le Grand Tunis visait à arrêter des « terroristes » venus de « différentes régions du pays » dans le but de lancer « des opérations terroristes simultanées ». Les forces de l’ordre ont mis au jour des caches contenant des kalachnikov, des grenades, des pistolets et des munitions, selon le ministère, qui ne précise pas si les groupes démantelés étaient affiliés à l’organisation Etat islamique (EI).

Dispositif de lutte antiterroriste

La Tunisie avait connu une accalmie depuis les combats du 7 mars à Ben Gardane (Sud-Est), ville frontalière avec la Libye, attaquée par un commando d’une centaine de djihadistes se réclamant de l’EI. Une cinquantaine d’assaillants, treize membres des forces de l’ordre et sept civils avaient alors été tués lors de l’assaut et des escarmouches qui s’étaient ensuivies pendant plusieurs jours. A Tunis même, le dernier accès de violence date du 24 novembre, lors de l’explosion dans le centre-ville d’un kamikaze de l’EI devant un bus de la garde présidentielle, dont une dizaine d’occupants ont péri.

Depuis la double attaque djihadiste du Musée du Bardo, à Tunis, le 18 mars 2015 (vingt-deux morts), puis contre un hôtel près de Sousse le 26 juin (trente-huit morts), la Tunisie a considérablement renforcé son dispositif de lutte antiterroriste, activement soutenue par une coopération sécuritaire avec les capitales occidentales. Selon des sources policières, le nombre de détenus dans des affaires de terrorisme oscille entre deux et trois mille personnes.

La Tunisie présente le paradoxe d’être à la fois le seul « printemps » démocratique arabe de 2011 à avoir survécu et d’être un foyer de djihadistes. Selon le dernier rapport (datant de la fin de 2015) du groupe Soufan, spécialisé dans l’analyse d’informations sécuritaires, six mille Tunisiens seraient partis s’enrôler sur différents fronts du djihad étranger en Irak et en Syrie, soit le principal pays pourvoyeur de combattants.