Incendie dans une décharge de pneus, à Seseña, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Madrid, le 13 mai. | SERGIO PEREZ / REUTERS

Un incendie dans une gigantesque décharge de pneus à une cinquantaine de kilomètres au sud de Madrid a provoqué vendredi 13 mai un nuage de fumée toxique, obligeant au moins un millier de personnes à quitter leurs logements.

La décharge illégale de pneumatiques usagés – la plus vaste du pays, selon la presse – est située dans la province de Tolède (Centre), sur le territoire des communes de Seseña et de Valdemoro.

« Provoqué intentionnellement »

« Tout indique que ce désastre a été provoqué intentionnellement », a déclaré Carlos Velazquez, le maire de Seseña, à la radio Cadena Ser. Selon lui, les fortes pluies des derniers jours excluent un déclenchement accidentel. Le feu « a produit un nuage toxique qui pourrait toucher une partie de Seseña », qui compte 20 000 habitants, a averti le gouvernement de la région de Castille-La Manche.

L’alerte avait été donnée vendredi matin à 1 h 20 (heure locale), a précisé un porte-parole des services de secours. Les autorités ont d’abord invité la population à fermer portes et fenêtres, avant d’ordonner dans l’après-midi l’évacuation d’un lotissement, « au cas où dans la nuit le nuage de fumée y arrivait », a-t-il expliqué.

Selon le porte-parole, « un millier de personnes » devaient « rejoindre un gymnase ».
Les trois quarts de la décharge avaient déjà brûlé en fin de matinée, selon le compte Twitter des pompiers de la région de Madrid. L’incendie pourrait se prolonger pendant « plusieurs jours », a mis en garde Emiliano Garcia-Page, le président de Castille-La Manche. Il était cependant « confiné par d’amples chemins coupe-feu », a fait savoir l’inspecteur en chef des pompiers.

La décharge se situe à proximité d’habitations. | Paul White / AP

Des pneus entassés sur 10 hectares

La décharge date des années 1990 et n’a cessé de s’étendre depuis. Elle a été déclarée illégale en 2003, mais rien n’a été fait pour enlever les pneus entassés sur près de 10 hectares, l’équivalent de quatorze terrains de foot.

Le gouvernement suit « de très près l’évolution de la météorologie et son éventuel impact sur des infrastructures », a assuré Soraya Saenz de Santamaria, la vice-présidente. Mais « les voisins sont indignés », a dit Vicente Garcia, un porte-parole de l’association Ecologistes en action de Valdemoro. « Les administrations des régions de Madrid et Castille-La Manche avaient tous les moyens d’agir et n’ont rien fait », a-t-il affirmé.

Les deux régions avaient décidé, à la fin de 2015, d’organiser un appel d’offres pour vider la décharge, mais il n’avait pas encore été lancé. Les pneus sont très difficiles à détruire et leur dégradation naturelle prendrait des siècles, selon Ecologistes en action.

Les incendies de pneus sont très difficiles à maîtriser et peuvent couver pendant des mois, voire des années. Trois hélicoptères ont été mobilisés. Deux hydravions devaient aussi être mis à contribution.

La décharge est proche d’une des autoroutes les plus fréquentées d’Espagne, l’autoroute d’Andalousie, qui relie la capitale au sud du pays.