Le Comité olympique japonais a dévoilé, le 25 avril, le logo des Jeux 2020 de Tokyo. | TOKYO 2020

Ils ont beau ne pas avoir commencé, voilà des Jeux olympiques qui ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. Il ne s’agit pas des JO de Rio, qui débuteront le 5 août alors que le Brésil vient de perdre sa présidente, suspendue et sous le coup d’une procédure de destitution, mais de ceux de Tokyo. Ils ne sont prévus qu’en 2020 mais alimentent déjà les polémiques.

La dernière en date s’annonce la plus explosive. Mercredi 11 mai, le quotidien britannique The Guardian a révélé que le Japon aurait versé des pots-de-vin en vue de l’obtention des Jeux d’été de 2020, par le biais d’une société basée à Singapour, Black Tidings. Le nom de cette structure – « sombres nouvelles » en anglais – n’est pas complètement inconnu de ceux qui s’intéressent aux scandales sportivo-financiers : il était déjà apparu dans le cadre de l’enquête menée par le parquet national financier (PNF) français sur des soupçons de corruption au sein de l’IAAF, la Fédération internationale d’athlétisme, pour cacher des cas de dopage dans l’athlétisme russe en échange d’argent.

Le PNF a expliqué, jeudi 12 mai, avoir été, dans le cadre de cette première enquête, « informé de deux mouvements financiers qui seraient intervenus aux mois de juillet et d’octobre 2013, représentant un montant total de 2,8 millions de dollars singapouriens [1,8 millions d’euros], sous le libellé “Tokyo 2020 Olympic Game Bid”, en provenance d’un compte ouvert dans une banque japonaise » et au profit de Black Tidings.

Candidature « propre »

Entre ces deux transferts d’argent, une date clé : le 7 septembre 2013, à Buenos Aires, Tokyo obtient l’organisation des Jeux de 2020 face à Istanbul, par 60 votes contre 36. De quoi susciter la curiosité des enquêteurs. Le 24 décembre, le PNF a ouvert une information judiciaire pour « des chefs de corruption active, corruption passive, blanchiment aggravé, recel commis en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs afin de déterminer la nature des transactions précitées » ainsi que les conditions de l’attribution des Jeux à Tokyo.

« Nous pensons que les Jeux ont été accordés à Tokyo parce que cette ville présentait la meilleure candidature », s’est défendu le comité d’organisation nippon. Et la porte-parole du gouvernement japonais a assuré que la candidature avait été « propre ».

Ces nouvelles révélations viennent s’ajouter à une longue liste de couacs. Le 1er septembre 2015, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo avait dû renoncer à utiliser le logo créé par le graphiste Kenjiro Sano. En cause, une plainte pour plagiat du créateur du logo du Théâtre de Liège, qui s’étonnait de la ressemblance entre sa création et celle proposée pour incarner la ville japonaise. Malgré les dénégations de M. Sano, un nouveau logo a été dévoilé le 25 avril 2016.

Le projet du stade olympique est lui aussi source de nombreux soucis. Initialement, le plan avait été confié à l’architecte irako-britannique Zaha Hadid – morte le 31 mars. Mais dès l’été 2015, le coût pharaonique de ce projet, qui atteignait, au moment de son abandon, 252 milliards de yens (environ 1,84 milliard d’euros), soit le double de l’estimation initiale, a conduit le premier ministre Shinzo Abe à lancer un nouveau concours, remporté par le Japonais Kengo Kuma. L’enceinte conçue par M. Kuma présente l’avantage d’un coût plus « raisonnable », estimé à 1,1 milliard d’euros. Avec toutefois un petit inconvénient : aucun emplacement n’a été prévu pour la flamme olympique.