Image extraite du cinquième épisode de la série « Photos rebelles »: Les bikers hors-la-loi. | Arte Creative

Pur, authentique, puissant. Ces trois adjectifs donnent un aperçu de l’essence des photographies qui retracent l’histoire de la contre-culture dans la websérie « Photos rebelles » d’Arte Creative (accessible sur Arte.tv). Les photo­graphes Glen E. Friedman, Janette Beckman, Danny Lyon, Gavin Watson et Henry Chalfant ont dessiné les contours des mouvements culturels contestataires qui ont bouleversé la fin du siècle dernier. La légitimité de leur ­travail tient dans le fait que chacun d’eux s’est plongé dans l’univers alternatif qu’il entendait dévoiler, dans la veine d’un journalisme d’immersion.

A travers l’évocation des souvenirs des photographes, les treize épisodes de « Photos rebelles » ­retracent avec une puissance authentique l’histoire de la ­contre-culture, depuis l’aube des années 1970 avec la naissance de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, jusqu’aux années 1990 et l’émergence des rave parties en Grande-Bretagne.

Une esthétique de la violence

La malice d’Henry Chalfant ­traverse l’écran quand il raconte la peur qui l’avait saisi lors d’une soirée passée à graffer illéga­lement les wagons des métros new-yorkais avec une communauté de graffeurs dont il avait réussi à ­gagner la confiance. Des souvenirs de temps à autre empreints de nostalgie, comme lorsque Glen E. Friedman partage ses ­souvenirs des années 1970, quand le skateboard en était ­encore à ses balbutiements, pra­tiqué dans la clandestinité par une poignée d’adeptes aux cheveux longs dans des piscines désertées par leurs propriétaires californiens. Sont enfin d’une grande acuité les témoignages de Gavin Watson, qui égrène les noms de sa bande d’amis skinheads qui déambulaient fièrement dans les rues de Wycombe, une banlieue populaire de Londres, bomber sur les épaules et Doc Martens aux pieds.

A l’heure de la marchandisation globalisée du marché de la culture et de la retouche d’image, « Photos rebelles » fait l’effet d’une décharge électrique. Simple, dénué d’artifice et original, le travail des photographes est saisissant d’authenticité. La websérie est d’autant plus captivante que de ces clichés argentiques émane une esthétique de la ­violence qui soumet le spectateur à visionner la websérie d’une traite ; rappeurs qui posent ­Beretta au poing, Afro-Américains qui bravent la répression policière, bikers qui avalent rageusement l’asphalte… Toutes ces photos témoignent d’une rage d’exister. D’exister autrement.

Web série « Photos rebelles », de Marc-Aurèle Vecchione : [1/13] Skateboard radical. [2/13] Punk rock attitude. [3/13] Rap conscient vs. Gangsta rap. [4/13] La révolution des Afro-Américains. [5/13] Les bikers hors-la-loi. [6/13] Les tribus rock anglaises. [7/13] Hip-hop et Gang culture. [8/13] Subway Art. [9/13] Graffiti Writers. [10/13] Graffiti Art. [11/13] Identité Skinheads. [12/13] La division des Skinheads. [13/13] Ravers.

Jérémie Vaudaux