De gauche à droite : Michelle Jenner, Adriana Ugarte, Rossy de Palma, Emma Suarez et Inma Cuesta, les actrices du film de Pedro Almodovar, « Julieta », lors du 69e Festival de Cannes, le 17 mai 2016. | JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

  • C’EST ATTENDU :

Quand il y a vingt et un films en lice pour une Palme d’or et dix jours de compétition, la logique mathématique veut qu’il y ait un jour où trois films se retrouvent projetés au lieu des deux habituels. C’est ce qui arrive en ce mardi 17 mai au 69e Festival de Cannes avec un trio de cinéastes : l’Espagnol Pedro Almodovar (Julieta), le Français Olivier Assayas (Personal Shopper) et le Brésilien Kleber Mendonça Filho (Aquarius).

Outre leur date de projection, ils ont pour point commun de placer les femmes au cœur de leur intrigue : Julieta, une mère séparée de sa fille, chez Almodovar, interprétée à des âges différents de son existence par Emma Suarez et Adriana Ugarte ; Maureen, l’« acheteuse particulière » d’une égérie de la mode, chez Assayas, incarnée par Kristen Stewart ; Clara, une critique musicale – campée par Sonia Braga – qui, à 60 ans, entre en guerre contre la société immobilière qui la harcèle, chez Mendonça Filho.

Présenté en séance de presse la veille, lundi 16 mai, le film d’Olivier Assayas, Personal Shopper, a été accueilli par une nuée de sifflets, comme l’explique Mathieu Macheret dans sa critique : « En sortant de la salle de projection presse, on attrapait, ici ou là, quelques raisons à la volée : récit bancal, comédiens inégaux, piètre qualité des effets spéciaux… Toutes choses qui ne suffisent pas à expliquer l’échec bien réel du film, qui tient plutôt à l’irrésolution de son enjeu : fricoter avec le fantastique spirite (…), sans pour autant abandonner le souci de s’inscrire dans l’air du temps. Parti pris risqué, dont la dualité se retourne très vite contre le film. »

  • C’EST CRITIQUÉ :

Les deux films projetés en compétition hier, lundi 16 mai, Loving, de Jeff Nichols, et Paterson, de Jim Jarmusch, ont séduit nos critiques. Pour Isabelle Regnier : « Jeff Nichols, qui n’a décidément pas peur des mélanges, injecte dans son biopic une tension de thriller psychologique. En recourant ainsi aux puissances du faux, il exprime au plus juste la violence démente, inimaginable aujourd’hui (malgré les traces qui en subsistent), d’une société où les Noirs finissaient pendus au bout d’une corde. Et la terreur qu’elle produisait dans les cœurs. »

D’après Thomas Sotinel : « Les artistes se moquent des journalistes qui leur demandent : “D’où vous est venue l’idée ?” Enfin, pas tous les artistes. Jim Jarmusch vient de présenter à Cannes un film modeste et délicat, presque tout entier consacré à la question. Paterson, son personnage central, est un chauffeur de bus qui trimbale comme patronyme le nom de la ville dont il parcourt les rues. Mais est-ce un chauffeur de bus ? Il écrit de la poésie. » Et de conclure : « Ce dont on se souviendra, c’est la belle rencontre entre l’écrivain et une enfant-poète, les méditations du chauffeur devant les chutes de la rivière Passaic, pendant qu’à l’écran s’inscrivent des vers simples et irréfutables. »

  • C’EST DIT :

« Je déteste qu’on dise que je suis la reine de la nuit. Je suis anti-nuit (…) J’ai fait ce lieu pour que les gens fassent du business », lance Carole Cleret, dite Albane, dont Laurent Carpentier dresse le portrait. Comme il l’explique à propos de son Club by Albane situé au cinquième et dernier étage de l’hôtel Marriott : « En quinze ans, la maîtresse des lieux a fait de son bébé un lieu incontournable pour le gotha de l’industrie du rêve ; et de son prénom, un mot-clé. »

« Quand on rentrera à Berlin, on aura vendu le film dans le monde entier », explique Janine Jackowski, la productrice de Toni Erdmann, à Clarisse Fabre. Ovations, presse dithyrambique, ruée des distributeurs, koukeri – la mascotte poilue du film – érigé en héros lors de la descente des marches… Le long-métrage de l’Allemande Maren Ade présenté en compétition, samedi 14 mai, a suscité l’engouement et l’hilarité des festivaliers.

« C’est très fréquent pour un acteur de ne pas se sentir apprécié du réalisateur, confesse Joel Edgerton, le comédien de Loving, de Jeff Nichols, à Isabelle Regnier. Les cinéastes ont souvent peur des acteurs, peut-être parce qu’à Hollywood, ils sont, d’un certain point de vue, devenus plus importants qu’eux. Ils les voient comme un obstacle dans le processus de fabrication du film. Jeff, au contraire, vous fait sentir qu’il vous apprécie, qu’il a besoin de vous pour mettre en scène sa vision. Il semble heureux que vous soyez là. »

  • C’EST CHRONIQUÉ :

« Pour la vente, trois cents lots attendent dans les vitrines, donnés par le monde du cinéma, la robe rouge d’Isabelle Huppert ou le borsalino de Bernardo Bertolucci. Jane Fonda a offert ses chaussures et surtout la Palme d’or pour sa carrière, reçue en 2007. Pendant que les enchères montent, Gilles Jacob rêve à un héros merveilleux qui l’achèterait sans compter pour la rendre à l’actrice. C’est une Cannoise “dans le médical” qui la décroche, 8 000 euros. Restituer le lot à Fonda ? Elle s’en étrangle. “Moi aussi, j’ai toujours voulu une Palme, il n’y a pas de raison.” Elle la mettra dans le salon. » Dans sa chronique quotidienne, Red Carpet, Florence Aubenas raconte la vente aux enchères organisée, lundi 16 mai, par l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, au profit des victimes des inondations d’octobre 2015.

  • C’EST VU :
  • C’EST EN BOÎTE :

Cannes 2016 : "Aquarius" film sensuel et musical
Durée : 03:45

  • C’EST TWEETÉ :
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