Camions bloqués au poste frontière de Keur Ayip au Sénégal, le 9 mai 2016.  La circulation des camions est suspendue depuis février entre la Gambie et le Sénégal, suite à la multiplication par cent des droits de transit gambiens. | SEYLLOU/AFP

Quatorze tours de cadran n’ont pas permis de trouver une issue à la crise qui a éclaté entre le Sénégal et la Gambie début février avec le relèvement des taxes de transit imposé par la Gambie. Les négociations organisées dimanche 15 mai à Dakar afin de rétablir la circulation commerciale entre les deux pays se sont soldées par un échec. Le procès-verbal de la rencontre ministérielle acte seulement la nécessité d’instaurer un « dialogue franc ». « La décision des deux délégations est de se retrouver à Dakar pour échanger afin de trouver des solutions communes aux difficultés dans l’intérêt des deux peuples », a déclaré Saliou Ndiaye, ambassadeur du Sénégal à Banjul. Une autre rencontre devrait avoir lieu au plus tard d’ici fin juillet.

Le 10 février, le gouvernement gambien avait décidé de multiplier par cent les droits de transit, les faisant bondir de 4 000 francs CFA (6 euros environ) à 400 000 francs CFA (610 euros). Les transporteurs sénégalais avaient répondu par un blocage de la frontière. Si Banjul est revenu rapidement sur sa décision en rétablissant les droits initiaux, les opérateurs sénégalais entendent profiter de la crise pour remettre à plat les relations entre les deux pays : ils souhaitent que la frontière soit ouverte en permanence et non plus seulement de 7 heures à 19 heures et demandent la construction d’un pont sur le fleuve Gambie au niveau de Farafenni.

La délégation gambienne, forte de quatre ministres, était venue à Dakar avec la volonté d’obtenir la réouverture immédiate des frontières. Mais le Sénégal n’a pas accepté que le terme « blocus » soit utilisé dans le procès-verbal de la rencontre. « Notre pays n’a jamais bloqué les frontières, d’ailleurs aucun communiqué n’a été publié par l’Etat allant dans ce sens », a déclaré le ministre sénégalais des affaires étrangères, Mankeur Ndiaye.

Un pont sur le fleuve Gambie

« Le Sénégal s’est engagé à tout mettre en œuvre pour que le trafic revienne à la normale et, dans ce cadre, nous allons en discuter avec tous les acteurs – transporteurs sénégalais et autorités gambiennes  qui sont concernés sur le terrain », a-t-il promis.

Jointe au téléphone par Le Monde Afrique, l’Union des routiers du Sénégal (URS) fait de la construction du pont de Farafenni un élément non négociable. « Nous exigeons la construction d’un pont sur le fleuve Gambie sans lequel les tracasseries et l’insécurité vont se poursuivre », a déclaré Gora Khouma, secrétaire général de l’URS.

Un projet de pont financé par la Banque africaine de développement (BAD) pour un montant de 50 milliards de francs CFA a été approuvé en 2014. Mais la Gambie en conteste l’architecture. « Cet édifice pose problème parce qu’il empêche la navigation sur le fleuve », a déclaré la ministre gambienne des affaires étrangères, Neneh Macdouall Gaye, dimanche à Dakar

Depuis février, cette situation contraint les camionneurs qui veulent rejoindre la Casamance à contourner la Gambie, ce qui allonge leur trajet de plus de 750 km.