Les députés vénézuéliens lors du vote sur la prolongation de l’« état d’exception », le 17 mai à Caracas. | MARCO BELLO / REUTERS

Le Parlement vénézuélien, où l’opposition est majoritaire, a rejeté mardi 17 mai, la prolongation de soixante jours de « l’état d’exception » décrété par le président de gauche Nicolas Maduro. Les députés, qui ont voté à main levée, ont estimé que cette mesure « approfondit la grave altération de l’ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela ».

Initialement mis en place à la mi-janvier, le dispositif accroît les prérogatives du gouvernement dans les domaines du maintien de la sécurité et de la distribution alimentaire et énergétique.

L’opposition, réunie au sein de la Mesa de la Unidad Democrática (MUD – « Table de l’unité démocratique »), a par ailleurs appelé à une nouvelle manifestation mercredi pour exiger du Conseil national électoral (CNE) l’organisation d’un « référendum révocatoire » contre le chef de l’Etat avant la fin de l’année.

Bras de fer entre les chavistes et leurs opposants

Un sondage réalisé par l’institut Datanalisis, en mars, montrait que plus de 70 % des Vénézuéliens appellent de leurs vœux un changement de cap. Neuf sur dix qualifient la situation de négative. Mais M. Maduro, qui se dit victime d’une tentative de coup d’Etat, entend rester en place. Ses alliés au sein du pouvoir judiciaire ont jusqu’à présent réussi à contrer les initiatives de l’opposition.

Coupures d’électricité quotidiennes, pillages de commerces, pénuries et lynchages… ce pays pétrolier sombre chaque jour un peu plus dans la crise politique, économique et sociale, depuis la victoire d’une coalition d’opposition aux élections législatives, à la fin de 2015.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013, et mentor de Nicolas Maduro) et opposants au chavisme s’est intensifié depuis que l’opposition a rassemblé, au début du mois de mai, 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum pour révoquer le président, qu’elle espère organiser d’ici à la fin de 2016.

En 2015, le pays a subi une inflation de 180,9 % – une des plus élevées au monde –, et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année d’affilée.