Un décret du 24 avril 2016, qui met en application une disposition de la loi Hamon de 2014, impose notamment aux sites d’informer les consommateurs sur leurs méthodes de comparaison. | DAMIEN MEYER / AFP

Pour acheter un billet d’avion, un produit high-tech ou encore un contrat d’assurance, les internautes utilisent massivement les comparateurs sur internet. Selon une étude réalisée en 2014 par la Commission européenne, trois Français sur quatre passeraient par ces sites. En matière d’assurance auto, par exemple, près d’un tiers des devis proviendrait des comparateurs et 10 % des nouvelles souscriptions en seraient issues.

Ce que savent peu les internautes, en revanche, c’est que les comparateurs de prix ne sont pas toujours transparents, ni exhaustifs. Ces derniers sont régulièrement rappelés à l’ordre par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui estime que « les informations affichées sont incomplètes, voire inexactes », selon un rapport publié en 2015.

Bonne nouvelle pour les internautes : ces sites vont bientôt être soumis à plus de transparence. Un décret du 24 avril 2016, qui met en application une disposition de la loi Hamon de 2014, impose notamment aux sites d’informer les consommateurs sur leurs méthodes de comparaison. Ces informations devront être spécifiées dans une rubrique accessible sur toutes les pages du site dès le 1er juillet prochain.

Critères de classement et rémunération

D’abord, les comparateurs devront afficher clairement, et de manière lisible, leurs critères de classement par défaut et les conditions dans lesquelles ils référencent leurs offres. « Dans neuf cas sur dix, le classement par défaut est la pertinence de l’offre ou sa popularité, explique Olivier Gayraud, juriste au sein de l’association CLCV (Consommation logement et cadre de vie). Or, on sait que les consommateurs se concentrent surtout sur les premiers résultats obtenus. Pour nous, le premier critère doit être le prix, excepté dans le domaine de l’assurance où les garanties couvertes entrent en ligne de compte. »

Les sites devront préciser si leur offre est exhaustive et le nombre de sites ou d’entreprises référencés. « Les comparateurs proposent rarement toute l’offre du marché », ajoute M. Gayraud. Par exemple, chez les comparateurs de mutuelle santé, certains gros assureurs, comme Macif ou Matmut, ne souhaitent pas être distribués par ces sites.

Les comparateurs devront être aussi plus transparents sur la façon dont ils sont rémunérés. « Les consommateurs pensent souvent qu’ils vivent grâce à la publicité », relève Olivier Gayraud. Le service étant gratuit pour les utilisateurs, les comparateurs sont payés par leurs partenaires en tant qu’apporteurs d’affaires. Si une entreprise rémunère le comparateur pour être placé en tête des résultats, le terme « annonce » devra aussi clairement figurer sur la page.

Relations contractuelles et liens financiers

Les plates-formes seront aussi dans l’obligation de préciser leurs relations contractuelles et leurs liens financiers avec les professionnels dont ils comparent les offres. Ainsi, certains comparateurs appartiennent à des grands groupes. Par exemple, le pionnier Assurland est détenu par Covéa (Maaf, MMA, GMF), le Lynx par le groupe d’assurance anglais Confused.com…

Enfin, les consommateurs devront être informés sur les caractéristiques essentielles du produit ou du contrat qu’ils achètent ainsi que sur son prix en incluant tous les frais (dossier, livraison, intérêts et taxes, garanties commerciales…).

Cela sera t-il suffisant pour assurer une totale transparence ? « Ce décret est une avancée. Il permet d’atténuer les imperfections des comparateurs, qui sont le manque d’exhaustivité ou de transparence, estime Olivier Gayraud. Reste à voir si les sites joueront le jeu. »

Diane Larramendy, présidente du Groupement des comparateurs en assurance et banque (GCAB) et directrice générale du site LeLynx, assure que, « en tant qu’intermédiaires réglementés, les comparateurs d’assurances et de banques respectaient déjà la plupart de ces obligations. Mais ce décret permet une meilleure protection des consommateurs ».