« Le tableau est certainement mitigé », a admis Tom Watson, le numéro deux du parti travailliste, vendredi matin à la BBC. | Stefan Rousseau / AP

Même s’il ne semble pas avoir l’ampleur que certains sondages annonçaient, le revers subi par le Parti travailliste, jeudi 5 mai, au Royaume-Uni lors des élections locales et régionales, devrait conduire le parti d’opposition dirigé par le très à gauche Jeremy Corbyn à un sérieux travail d’introspection.

Les Britanniques étaient appelés, jeudi à renouveler, 2 743 sièges de conseillers municipaux dans 124 assemblées locales, les députés des assemblées d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord, ainsi que les maires de Londres, Bristol, Liverpool et Salford.

  • Quels sont les résultats enregistrés par le Labour ?

A ce stade, vendredi matin, les résultats ne sont que partiels. Sur cette base, le Labour paraît avoir limité les dégâts en Angleterre.

En revanche, le parti travailliste enregistre en Ecosse une nouvelle défaite qui confirme que le Parti national écossais (SNP, indépendantiste) l’a supplanté en tant qu’opposant dominant à la politique conservatrice de Westminster.

Extrêmement symbolique, cette probable relégation du Labour à la troisième place en Ecosse, derrière non seulement le SNP mais, pour la première fois, les conservateurs, est un coup très dur pour la gauche dans ce bastion de toujours. Les tories devraient ainsi remplacer le Labour comme première force d’opposition en Ecosse.

Au Pays de Galles où il est dominant, le Labour continuera de diriger le gouvernement local mais dans ce bastion historique de la gauche, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP, anti-européen et xénophobe) se hisse à la troisième place, avec près de 13 % des voix. Pour la première fois, le parti de Nigel Farage fait son entrée au Parlement gallois avec au moins quatre sièges.

  • Ces résultats conduiront-ils à une remise en cause de Jeremy Corbyn ?

« Le tableau est certainement mitigé », a admis Tom Watson, le numéro deux du parti à la BBC. Le parti « aurait dû progresser bien davantage ». « Ce n’est pas ainsi qu’il va regagner le pouvoir en 2020 [date des prochaines législatives] », a raillé la députée travailliste Jo Cox, pourtant favorable à M. Corbyn.

Habituellement, le parti d’opposition réalise un très bon score aux élections locales, comme cela avait été le cas en 2012 sous la direction d’Ed Miliband. Cette année, les multiples revers subis par le gouvernement de David Cameron – division des tories sur l’Europe, budget d’austérité contesté, grève des médecins, démission du ministre des affaires sociales – auraient dû lui assurer un tel succès.

Or le Labour, loin de triompher, se contente de défendre ses acquis en Angleterre. « Je pense que Jeremy [Corbyn] et sa direction doivent endosser la responsabilité de cette mauvaise nuit [électorale] pour nous » et « rechercher la manière d’amener les électeurs à écouter de nouveau ce que dit le Labour », a ajouté Mme Cox.

  • Les résultats à Londres peuvent-ils être de nature à faire oublier tout le reste ?

Le dépouillement du vote pour la mairie de Londres n’a débuté que vendredi matin. Mais le résultat dans la capitale pourrait contrebalancer l’impression d’échec si, comme tous les sondages et les bookmakers le prédisent, le candidat du Labour, Sadiq Khan, bat le conservateur Zac Goldsmith. Le 5 mai ne resterait ainsi pas nécessairement dans les mémoires comme la date d’une défaite travailliste.

  • Les résultats en Ecosse relanceront-ils la question d’un référendum sur l’indépendance ?

Au sein du SNP, la dirigeante, Nicola Sturgeon, premier ministre du Parlement d’Edimbourg, a revendiqué une « victoire historique ». Pour la troisième fois, les indépendantistes remportent les élections dans cette assemblée créée en 1998.

Leur victoire pourrait les placer en position de force pour réclamer un nouveau référendum sur l’indépendance, surtout si le Royaume-Uni vote pour quitter l’Union européenne le 23 juin en contradiction avec le vote des Ecossais.

Mais il ne s’agit pas d’un triomphe pour le SNP puisqu’il ne devrait pas être en mesure, contrairement à la situation qui prévaut depuis 2011, de contrôler seul la majorité et devra compter sur l’apport de voix de plus petits partis.