L’ancienne présidente argentine, Cristina Kirchner, le 2 mai à Buenos Aires. | MARCOS BRINDICCI / REUTERS

Un juge fédéral argentin a inculpé vendredi 13 mai l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015) d’« administration frauduleuse au préjudice de l’administration publique ». Elle est accusée d’avoir avalisé, dans les derniers mois de son mandat, des irrégularités dans les ventes de dollars par la banque centrale sur les marchés à terme.

Le magistrat Claudio Bonadio a considéré « évident que la présidente de l’époque avait donné des instructions – sans doute élaborées de façon conjointe – à son ministre de l’économie pour que cette opération financière soit menée », dans une décision publiée sur le site Internet de la Cour suprême. Il a aussi ordonné le gel d’actifs de Mme Kirchner pour une valeur de 15 millions de pesos (un million de dollars).

Les mêmes poursuites et le même embargo ont aussi été prononcés à l’encontre de l’ancien ministre de l’économie (2013-2015), Axel Kicillof, de l’ex-président de la banque centrale, Alejandro Vanoli, ainsi que 12 autres anciens membres du directoire de cet organisme. Ces inculpations sont susceptibles d’appel. Les accusés n’ont pas été mis en détention préventive.

Aucune immunité

Dans cette affaire remontant à peu de temps avant l’élection du nouveau président de centre-droit Mauricio Macri, la banque centrale est accusée d’avoir vendu plusieurs millions de dollars en prenant des positions baissières sur les marchés à terme en anticipation d’une dévaluation prévisible du peso. Sous l’ère Kirchner, l’Argentine a régulièrement cédé des dollars afin de soutenir le cours du peso et tenter d’endiguer une inflation à deux chiffres. D’après le gouvernement actuel, qui était dans l’opposition à l’époque, cette manœuvre a fait perdre des centaines de millions de dollars à la troisième économie d’Amérique latine.

L’ex-présidente de gauche avait comparu le 13 avril dans le cadre de ce dossier, refusant de répondre aux questions du juge et offrant à la place un écrit dans lequel elle demandait la destitution du magistrat. Sa présence devant la Cour avait tourné à la tribune politique, l’ancienne dirigeante haranguant des dizaines de milliers de partisans devant le tribunal. Aux accusations, elle répond que l’action de la Banque centrale a été conforme à sa mission « de préserver la stabilité monétaire, financière, l’emploi, le développement économique avec une équité sociale ».

Mme Kirchner, 63 ans, ne bénéficie d’aucune immunité depuis qu’elle a quitté le pouvoir en décembre, après deux mandats consécutifs. Elle a également été citée dans une affaire de détournements de fonds vers la Suisse en passant par des paradis fiscaux, impliquant des piliers du système Kirchner. Elle et son fils, le député Maximo Kirchner, font aussi l’objet d’une procédure pour irrégularités présumées dans la gestion d’activités immobilières familiales.