Manuel Valls devant l’Assemblée nationale le 10 mai. | CHARLES PLATIAU / REUTERS

L’Assemblée nationale doit débattre jeudi 12 mai d’une motion de censure de la droite contre le gouvernement, qui n’a presque aucune chance d’être votée, mais dans un climat tendu sur la loi travail dans la rue comme au PS après le recours au 49-3 et la tentative avortée d’une motion voulue par une partie de la gauche.

Alors que des manifestations sont programmées un peu partout en France à l’appel des syndicats opposés au projet de loi, les présidents des groupes Les Républicains (LR) et Union des démocrates et indépendants (UDI), Christian Jacob et Philippe Vigier, défendront à 16 heures une motion de censure, déposée dans la foulée de l’engagement mardi par Manuel Valls de la responsabilité du gouvernement pour faire passer son texte sans vote.

Le projet de loi sera de fait considéré comme adopté en première lecture et poursuivra son parcours législatif au Sénat sauf si la motion de censure est votée, synonyme de chute du gouvernement. Un scénario fort improbable : même si les dix députés du Front de gauche voteront avec la droite, le cumul de ses voix avec celles de LR, de l’UDI et du FN est loin de la majorité absolue de l’Assemblée, soit 288 voix sur 574 (trois sièges sont actuellement vacants).

Effectif des groupes politiques à l'Assemblée nationale

« Seul outil restant pour obtenir le retrait du texte »

Notant que le gouvernement avait décidé de recourir à l’arme du 49-3, « pour la quatrième fois depuis le début du quinquennat, et à nouveau sur un texte qui a été présenté aux Français comme un grand texte réformateur », LR et UDI critiquent un projet de loi devenu « l’ombre de lui-même »« Qu’il soit contraint d’engager sa responsabilité sur un projet de loi qui ne comporte plus aucune ambition de réforme témoigne de l’impasse dans laquelle François Hollande a mené notre pays », juge l’opposition.

Hostile au texte pour des raisons diamétralement opposées, le Front de gauche voit dans la motion de droite le « seul outil restant pour obtenir le retrait du texte ». Mercredi, il a échoué – à deux voix près – à bâtir une motion de censure de gauche contre le gouvernement, mais son chef de file André Chassaigne y voit « une victoire » dans la mesure où, pour la première fois depuis 2012, il a rallié dix écologistes et surtout 28 socialistes à cette initiative.

Cette contestation des frondeurs socialistes a eu de quoi raviver les tensions internes. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement a tenu à souligner « l’incohérence » qu’il y a selon lui à critiquer « matin, midi et soir » l’action du gouvernement «tout en restant au Parti socialiste ». Tout en jugeant qu’il s’est passé « quelque chose de grave », le patron des députés PS Bruno Le Roux a refusé à ce stade de se prononcer sur des sanctions à l’encontre de ces socialistes « censeurs ». Les frondeurs, tous comme les écologistes, ont en tout cas exclu de voter la motion de la droite.

Les syndicats mobilisés

Dans la rue, la mobilisation continue jeudi, les sept syndicats opposés à la réforme du Code du Travail, la CGT, FO, FSU, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et la FIDL, ayant à nouveau appelé une journée de grève et de manifestations. Ces syndicats ont également appelé à deux nouvelles journées de grèves et manifestations, les mardi 17 et jeudi 19 mai.

Le 3 mai, la dernière mobilisation nationale organisée avait rassemblé quelques milliers de personnes, nettement moins que lors des précédentes. La manifestation la plus importante, le 31 mars, avait réuni 390 000 personnes selon la police, 1,2 million selon les organisateurs.