Condamné à deux ans de prison ferme en août 2015, Biram Ould Dah Abeid, président de l’ONG Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), pourrait bientôt retrouver la liberté. La Cour suprême mauritanienne a en effet ordonné mardi 17 mai son élargissement immédiat, ainsi que celui d’un autre militant incarcéré pour les mêmes charges.

La haute juridiction a requalifié les faits « d’appartenance à une organisation non reconnue et de rébellion contre la force publique » en « attroupement maintenu après les premières sommations ». Un délit passible de deux mois à un an de prison, a précisé un des avocats des détenus.

D’après une source pénitentiaire contactée par l’AFP, des démarches ont été entreprises pour la remise en liberté des deux hommes.

Une pratique qui persiste malgré l’abolition

Malgré l’abolition officielle de l’esclavage, en 1981, dans ce pays de 3,8 millions d’habitants d’origine arabo-berbère – les Maures – et d’Afrique subsaharienne – les Négro-Africains –, le phénomène persiste, notamment sous la forme de cession gratuite par les descendants d’esclaves d’une partie de leur récolte à leurs maîtres traditionnels.

En août 2015, la Mauritanie a adopté une nouvelle loi faisant de l’esclavage un « crime contre l’humanité », réprimé par des peines allant jusqu’à 20 ans de prison ferme, contre cinq à dix ans auparavant. Le pays s’est également doté en décembre de trois tribunaux spécialisés dans les affaires d’esclavage et a décrété le 6 mars « Journée nationale de lutte contre les pratiques esclavagistes ».