La diplomatie américaine a étrillé, jeudi 12 mai, Kampala pour avoir reçu le président soudanais Omar Al-Bachir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), lors de la prestation de serment du président ougandais Yoweri Museveni. Ce dernier s’en est aussi pris violemment à la CPI.

« A Kampala, le président Museveni a fait des remarques désobligeantes à l’égard de la CPI devant des participants, notamment des chefs d’Etat », a dénoncé la porte-parole du département d’Etat, Elizabeth Trudeau, à propos de la prestation de serment, jeudi, du président ougandais réélu en février pour un cinquième mandat de cinq ans après un scrutin très controversé.

« Bande d’inutiles », « pays arrogants »

« En réponse à la présence du président Al-Bachir et aux remarques du président Museveni, la délégation des Etats-Unis, ainsi que des représentants de pays de l’Union européenne et du Canada ont quitté les cérémonies d’investiture en signe de protestation », a déclaré la responsable américaine. Washington se dit préoccupé par le fait que « le président Al-Bachir a pu se rendre en Ouganda et à Djibouti auparavant ».

La présence de M. Al-Bachir à Kampala a valu à l’Ouganda les critiques d’organisations de défense des droits humains. Elles estiment qu’en tant que signataire du Statut de Rome, qui a fondé la CPI, il était du devoir de ce pays d’Afrique d’arrêter le président soudanais et de le remettre à la Cour.

Mais, dans son allocution, M. Museveni a violemment critiqué la CPI et s’en est pris aux Occidentaux qualifiés de « bande d’inutiles » et de « pays fiers et arrogants ».

Omar Al-Bachir est, depuis 2009, recherché par la CPI pour « crimes contre l’humanité », « crimes de guerre » et « génocide » dans le conflit au Darfour (ouest du Soudan), qui a fait plus de 300 000 morts selon l’ONU.

Les Etats-Unis n’ont pas ratifié le Statut de Rome, mais soutiennent le plus souvent les décisions de la CPI. Washington maintient toutefois des relations diplomatiques, difficiles, avec le Soudan et ses liens avec son allié ougandais se sont récemment détériorés, en particulier sur les questions de démocratie et de droits humains.