Le cardinal Philippe Barbarin, le 3 avril. | JEFF PACHOUD / AFP

Une démission du cardinal Philippe Barbarin, mis en cause pour ne pas avoir dénoncé des affaires de pédophilie et d’agressions sexuelles dans son diocèse de Lyon, serait « un contresens », estime le pape François dans un entretien au quotidien La Croix à paraître mardi 17 mai.

A la question de savoir si MBarbarin devrait démissionner, le pape a répondu, lors d’un entretien lundi au Vatican : « Non, ce serait un contresens, une imprudence. (…) On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable. »

« D’après les éléments dont je dispose, je crois qu’à Lyon, le cardinal Barbarin a pris les mesures qui s’imposaient, qu’il a bien pris les choses en main. C’est un courageux, un créatif, un missionnaire. Nous devons maintenant attendre la suite de la procédure devant la justice civile. »

M. Barbarin a admis des erreurs

Parmi d’autres responsables religieux, le cardinal Barbarin, l’une des personnalités les plus influentes de la hiérarchie catholique française, est ciblé par deux enquêtes pour « non-dénonciation » d’agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991 par un prêtre, le père Bernard Preynat.

Ce dernier, en activité jusqu’en août 2015, a été mis en examen le 27 janvier après avoir reconnu les faits. L’association La Parole libérée reproche à MBarbarin de ne pas avoir dénoncé ses actes à la justice, alors qu’il en était informé depuis 2007.

Archevêque de Lyon depuis 2002, Philippe Barbarin nie avoir couvert de tels faits mais a admis le 25 avril « des erreurs dans la gestion et la nomination de certains prêtres ».

« Il ne peut y avoir de prescription »

Plus largement, concernant la pédophilie, le pape François a souligné qu’« il n’est pas facile de juger des faits après des décennies, dans un autre contexte ». « La réalité n’est pas toujours claire », a-t-il dit.

« Mais pour l’Eglise, en ce domaine, il ne peut y avoir de prescription. Par ces abus, un prêtre qui a vocation de conduire vers Dieu un enfant le détruit. Il dissémine le mal, le ressentiment, la douleur. Comme avait dit Benoît XVI, la tolérance doit être de zéro », a-t-il insisté en citant son prédécesseur.

Secouée depuis plusieurs mois par des scandales de pédophilie et d’agressions sexuelles, l’Eglise de France a annoncé le 12 avril une série de mesures visant à faire « la lumière » sur les actes de pédophilie dans ses rangs, y compris sur les faits les plus anciens.

La Conférence des évêques de France a ainsi décidé de créer des cellules d’écoute dans chaque diocèse et de mettre en place une « commission nationale d’expertise indépendante » pour conseiller les évêques face à de telles affaires.