Selon le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui étudie les groupes extrêmistes aux Etats-Unis, l’American Freedom Party, dont William Johnson est le chef, est une organisation raciste, antisémite, qui prône le retrait de la nationalité américaine à tous les habitants « non blancs » des Etats-Unis. | Jae C. Hong / AP

Donald Trump ne rechigne pas à la polémique. Mais alors que la primaire républicaine touche à sa fin et qu’il cherche à donner de lui l’image d’un candidat présidentiable, la campagne qui débute en Californie – la primaire s’y tiendra le 7 juin – le met déjà dans l’embarras. William Johnson, un avocat spécialisé dans le droit des entreprises, mais surtout chef de l’American Freedom Party (AFP), un parti nationaliste blanc, est apparu sur la liste des délégués sélectionnés par l’équipe de campagne de Donald Trump pour la Californie, rapportait, mardi 10 mai, le site web du magazine Mother Jones.

Selon le Southern Poverty Law Center (SPLC), qui étudie les groupes extrémistes aux Etats-Unis, l’American Freedom Party est un groupe suprémaciste, antisémite, qui prône le retrait de la nationalité américaine à tous les habitants « non blancs » des Etats-Unis, l’expulsion de tous les immigrants et de toute personne ayant une « trace de sang noir ». Le groupe dit sur son site internet « partager les coutumes et l’héritage du peuple euro-américain ».

Cafouillage de l’équipe de Trump

William Johnson a expliqué à Mother Jones avoir reçu le 9 mai un courrier électronique confirmant son inscription en tant que délégué lié à Donald Trump pour le 34e district congressionnel de Californie.

Puis l’équipe de campagne du magnat de l’immobilier a publié un communiqué, mardi, indiquant que le nom de William Johnson avait été retiré et qu’une nouvelle liste de délégués avait été soumise au secrétaire d’Etat de Californie pour validation.

Tim Clark, le directeur de campagne de l’équipe de Donald Trump, a indiqué qu’une erreur de base de données était responsable de la présence de William Johnson, dont le nom était censé avoir été rejeté et purgé en février 2016. Le problème est que l’équipe de Donald Trump a continué à communiquer après cette date avec l’avocat, comme le montrent des documents mis en ligne par Mother Jones.

Ne pas nuire à la campagne de Donald Trump

L’avocat indique à l’agence AP qu’avoir soumis sa candidature en tant que délégué à l’équipe de campagne de Donald Trump était une erreur de sa part. William Johnson a expliqué à Mother Jones que lorsqu’il a fait acte de candidature pour devenir délégué, il ne s’est pas identifié comme « nationaliste blanc », mais n’a pas non plus fait mystère de son passé d’activiste. « J’ai été naïf, affirme M. Johnson à l’agence AP. J’ai pensé que personne ne le remarquerait, ou que s’ils le remarquaient, ça ne serait pas si important. »

Face à la polémique, il indique qu’il renonce à être délégué pour Donald Trump. A CNN, William Johnson explique encore : « Comme je ne veux rien faire qui menacerait les chances de M. Trump, le plus simple est que je démissionne. »

Tentative de dédiabolisation

Le Southern Poverty Law Center rappelle que les groupuscules d’extrême droite américains ont pris fait et cause pour Donald Trump : il a reçu le soutien de David Duke, ancien dirigeant du Ku Klux Klan, il est qualifié de « leader glorieux » par le Daily Stormer, un site néonazi, et a bénéficié du soutien de l’American National Super PAC formé par l’American Freedom Party. En le soutenant, ces organisations espèrent sortir de leur isolement et diffuser leurs idées.

L’American Freedom Party, comme d’autres groupes tels que American Renaissance, s’est engagé dans la campagne de Donald Trump dès les primaires de l’Iowa, rappelle CNN. Le groupe suprémaciste avait annoncé avoir passé 200 000 appels téléphoniques automatiques aux électeurs de l’Iowa et du New Hampshire pour leur demander d’appuyer la candidature de Donald Trump à l’investiture républicaine en vue de l’élection présidentielle parce que « nous n’avons pas besoin de musulmans » aux Etats-Unis. L’équipe de campagne de Donald Trump avait alors dénoncé cette campagne de soutien, non sollicitée.