Documentaire sur Arte à 20 h 50

L'histoire de l'électricité (1/3) - bande-annonce - ARTE
Durée : 00:31

Présentée par Jim Al-Khalili, professeur de physique, cette histoire de l’électricité en trois volets manque d’étincelles.

Retracer les trois siècles de l’histoire de l’électricité dans un documentaire : voilà un défi que peu de producteurs seraient prêts à relever. La BBC a confié cette mission à Jim Al-Khalili, professeur britannique de physique à l’université de Surrey, figure centrale de ce film en trois parties, réalisé par Tim Usborne.

Le premier volet intitulé « L’étincelle » nous plonge en 1705 lorsque Francis Hauksbee met au point une machine capable de produire de l’électricité en un coup de manivelle. Jim Al-Khalili nous emmène à la Royal Society de Londres dans le laboratoire de ce physicien anglais qui fut ­l’assistant d’Isaac Newton. Dans une obscurité totale, il parvient, après quelques coups de manivelle, à recréer la même lueur bleue dans une sphère.

Jim Al-Khalili, professeur de physique et présentateur vedette de la BBC. | Arte

Le présentateur se montre très convaincant dans cet exercice qui constitue la marque de fabrique de ce documentaire. Le plus ­souvent, il est filmé dans la pénombre. Parfois, seule une bougie éclaire son visage pour mieux rappeler les conditions de travail de ces savants. Avec les moyens du bord de l’époque (un bécher, une bobine, du fil, une bouteille de Leyde), Jim Al-Khalili reconstitue ainsi les expériences de ces grands inventeurs qu’étaient le Néerlandais Pieter van Musschenbroek, le Britannique Henry Cavendish ou encore l’Américain Benjamin Franklin.

Ce film divertissant nous transporte également aux Pays-Bas, en France et en Italie, dans les laboratoires et les amphithéâtres où furent conduites ces démonstrations. A Bologne, il répète les expériences peu ragoûtantes de Luigi Galvani. Ainsi envoie-t-il des décharges électriques dans les pattes d’une grenouille morte, provoquant des contractions musculaires. Chemin faisant, il montre comment Alessandro Volta, inventeur de la pile électrique, au terme d’une controverse acharnée, battit en brèche les conclusions de Galvani, qui était convaincu que l’électricité était une manifestation de Dieu.

Avec la pile voltaïque, l’électricité cesse alors d’être une simple curiosité pour devenir véritablement utile. Au XIXe siècle, les inventions du télégraphe transatlantique, de la lampe à incandescence et du courant alternatif marquent une ère nouvelle.

Une histoire d’inventions

Le film s’attarde, en revanche, peu sur les changements qu’a entraînés l’arrivée de l’électricité dans les foyers ou sur les lieux de travail. Certes, il revient sur les peurs qu’a provoquées l’électricité lorsque l’Américain Thomas Edison entreprit d’éclairer New York. Mais il oublie de préciser que l’électricité participait alors à un projet sociétal plus large dans lequel s’inscrivaient la quête du bien-être, l’hygiénisme et l’aspiration au loisir. De fait, ce documentaire n’est pas une histoire globale de l’électricité, mais une histoire des inventions électriques.

Jim Al-Khalili Jim Al-Khalili répète,  à Bologne, les expériences peu ragoûtantes de Luigi Galvani. Ainsi envoie-t-il des décharges électriques dans les pattes d’une grenouille morte, provoquant des contractions musculaires. | © BBC/Radu Sporea

De même, il est dommage que Jim Al-Khalili n’ait pas davantage usé les lumières fort éclairantes des représentations culturelles. L’utilisation des affiches de la « fée électricité », des modes d’emploi proposés par les marques ou encore des schémas électriques pour illustrer le propos aurait permis un montage plus varié. Le recours systématique aux plans-séquences très convenus réalisés à Times Square affaiblit la seconde partie menée tambour battant dans les rues de Manhattan.

C’est le reproche que l’on pourrait faire à ce film dont la troisième partie consacrée au monde connecté ne parvient qu’à certains endroits à recréer l’étincelle qui avait jailli des mains de Jim Al-Khalili deux heures plus tôt.

L’Histoire de l’électricité, de Tim Usborne, Jon Eastman et Alex Freeman (GB, 2011, 3 x 60 min). Le samedi 14 mai à 20 h 50 sur Arte. Rediffusions le mardi 24 mai à 8 h 55 et le lundi 30 mai à 16 h 20.