Le président du Venezuela Nicolas Maduro pendant un rassemblement à Caracas, le samedi 14 mai 2016. | HANDOUT / REUTERS

L’opposition vénézuélienne l’exigeait pour révoquer le président Nicolas Maduro mais il n’y aura pas de référendum. Après le rejet du gouvernement, le pays semble au bord de l’explosion, dimanche 15 mai.

« M. Maduro ne va pas quitter le pouvoir suite au référendum parce qu’il n’y aura pas de référendum », a déclaré le vice-président Aristobulo Isturiz lors d’un rassemblement de soutien à la présidente brésilienne Dilma Rousseff. Selon lui, les responsables de l’opposition « s’y sont pris trop tard, trop mal et en commettant des fraudes  ». Le gouvernement chaviste fait le parallèle entre le Venezuela et le Brésil, où la présidente de gauche a été écartée du pouvoir par le parlement, qu’elle accuse de coup d’Etat.

Mesures répressives et déclarations incendiaires

Avant même que les autorités électorales ne se prononcent officiellement sur la recevabilité d’un référendum, le vice-président a déclaré : « ils devront tous nous tuer avant de nous faire un coup d’Etat parlementaire ». Ces derniers jours, le président Maduro et ses proches avaient déjà multiplié les mesures répressives et les déclarations incendiaires face à une « menace extérieure » non identifiée.

Le Venezuela, autrefois riche producteur pétrolier grâce à ses réserves, les plus importantes au monde, est plongé dans une grave crise avec la chute des cours du brut, qui apporte 96% de ses devises. Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9%, une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7%, pour la deuxième année consécutive.

Etat d’exception et saisies d’usines

Depuis la fin 2015 et la victoire d’une coalition d’opposition aux élections législatives, le pays est confronté à une grave crise politique, économique et sociale. Coupures d’électricité quotidiennes, services publics opérationnels uniquement deux jours par semaines, pillages de commerces, protestations, lynchages : la situation devient chaque jour un peu plus chaotique.

Nicolas Maduro a décrété dans la nuit de vendredi à samedi l’état d’exception, faisant état de « menaces extérieures », avant d’ordonner samedi la saisie des usines « paralysées par la bourgeoisie » et l’emprisonnement des entrepreneurs accusés de « saboter le pays », ainsi que des manoeuvres militaires dès la semaine prochaine.

Samedi, le gouvernement chaviste et l’opposition se sont, une nouvelle fois, défiés dans la rue. Nicolas Maduro en a profité pour accuser une nouvelle fois les Etats-Unis de vouloir « en finir avec les courants progressistes en Amérique latine ». Le bras de fer entre chavistes et anti-chavistes s’est accentué depuis que l’opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus du référendum, qu’elle espère organiser d’ici fin 2016. Selon un récent sondage, 68 % des personnes interrogées souhaitent le départ immédiat du président.