Des manifestants ont pénétré de force, vendredi 20 mai, dans la « zone verte » ultrasécurisée de Bagdad et une partie d’entre eux est parvenue à s’introduire dans le bâtiment abritant le bureau du premier ministre.

Des milliers de manifestants, partisans du dignitaire chiite Moqtada Sadr, qui réclament des réformes, se sont d’abord heurtés à une forte résistance des forces de sécurité avant que certains ne réussissent finalement à pénétrer dans cette zone abritant des ambassades et des bâtiments officiels.

La chef du bureau du Washington Post à Bagdad raconte sur Twitter que certains manifestants seraient repoussés hors de la zone par un pont reliant les deux parties de la ville :

Crise politique profonde

Le quartier fortifié avait déjà été occupé le 30 avril par des manifestants qui protestaient contre l’absence de vote pour désigner un nouveau gouvernement. Les forces de sécurité n’avaient pas tenté d’empêcher les protestataires de pénétrer dans le Parlement.

A l’issue d’une réunion d’urgence, le président Fouad Massoum, le chef du gouvernement et le président du Parlement, Salim Al-Joubouri, avaient promis de s’atteler dans les jours suivants, avec l’ensemble des blocs politiques, « à une refonte radicale du processus politique » en Irak.

L’Irak traverse une grave crise politique depuis que le premier ministre, Haïder Al-Abadi, a annoncé, le 9 février, sa volonté de remplacer les ministres affiliés à des partis par des ministres techniciens. Le 31 mars, il a présenté une liste de quatorze d’entre eux, sous la pression de centaines de partisans sadristes qui campaient depuis quatorze jours devant la zone verte.

Très populaire dans les quartiers défavorisés de la capitale et dans les villes du Sud chiite, l’imam Moqtada Al-Sadr a pris la tête du mouvement proréformes et a multiplié les pressions pour la mise en place de ce gouvernement de ministres techniciens.

Mais le Parlement a depuis été dans l’incapacité de procéder au vote requis pour investir les candidats aux différents portefeuilles ministériels. M. Abadi est confronté à des résistances au sein de la classe politique, jusque dans son camp chiite, contre la fin des quotas politiques – la répartition sur une base ethnique et confessionnelle des principaux postes clés du gouvernement –, dont elle tire influence et avantages.