Bernard-Henri Lévy (au centre) entouré par les combattants kurdes de son documentaire « Peshmerga » au 69e Festival de Cannes, le 20 mai 2016. | JEAN-PAUL PELISSIER/REUTERS

D’habitude, lorsque Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, appelle sur scène l’équipe d’un film, il fait précéder les noms de la fonction de chacun – réalisateur, interprète, directeur de la photographie… Avant la projection de Peshmerga, vendredi 20 mai, il a procédé par grade : major général, général, capitaine. Ayant quitté les casemates de la ligne de front devant Mossoul pour le « bunker » cannois, ils étaient là pour accompagner le film que Bernard-Henri Lévy (membre du conseil de surveillance du Monde) leur a consacré.

La sélection de ce documentaire tourné à l’été et à l’automne 2015 a été annoncée alors que le Festival avait déjà commencé. Déjà, en 2012, Le Serment de Tobrouk, qui suivait les efforts de l’écrivain-cinéaste pour amener la France à intervenir en Libye, avait fait irruption de manière inopinée dans le Festival.

Une scène du documentaire français de Bernard-Henri Lévy, « Peshmerga ». | AD VITAM

Un long-métrage de propagande

Les deux films sont très différents. La relation de l’aventure libyenne de Bernard-Henri Lévy relevait de l’autobiographie. Peshmerga est un long-métrage de propagande, à la gloire des combattants kurdes. C’est un film nomade qui suit la ligne de front jusqu’à la frontière syrienne. L’auteur est accompagné bien sûr d’une équipe, mais aussi d’une escorte militaire. Il a emporté de Paris des drones auxquels il fait survoler le territoire ennemi. Vues du ciel, les zones contrôlées par l’Etat islamique (EI) sont étonnamment paisibles, indéchiffrables. Au long de son périple, l’équipe rencontre des combattants au repos ou en action, des généraux, le président du Kurdistan iranien.

Il y a là un matériau dont la richesse est sapée par le commentaire incessant de l’auteur. La finalité avouée de ce film est de susciter assez d’enthousiasme à l’égard des peshmergas pour que ceux-ci soient mieux soutenus par la coalition à l’œuvre contre l’EI. Le moyen emprunté est désuet. Les images de colonnes kurdes deviennent sous la plume et dans la bouche de Bernard-Henri Lévy un « rouleau compresseur », Mossoul occupée est « la capitale du mal ». Ces termes belliqueux, un peu naïfs, renvoient à la propagande filmée du siècle dernier, tirant entre les images et la compréhension qu’on pourrait en avoir un rideau opaque.

Documentaire français de Bernard-Henri Lévy (1 h 30). Sur le Web : www.advitamdistribution.com/peshmerga