The New Tate Modern. | HAYES DAVIDSON AND HERZOG & DE MEURON

Lorsque la Tate Modern a ouvert ses portes en 2000, personne ne s’attendait à ce qu’elle devienne le musée d’art moderne le plus visité au monde. Pensée pour accueillir annuellement quelque 2 millions de visiteurs, elle en voit aujourd’hui défiler plus de 5 millions. D’où le chantier colossal (environ 340 millions d’euros) pour faire sortir de terre un bâtiment annexe qui ouvrira ses portes le 17 juin, à Londres.

Les architectes ? Les Suisses Herzog & de Meuron, ceux-là mêmes qui, dans les années 1990, avaient transformé en espace d’exposition cette centrale électrique bâtie par Sir Giles Gilbert Scott au milieu du XXe siècle. Pour cette extension, les deux hommes ont imaginé The Switch House, une pyramide torsadée en briques abritant dix étages et 20 000 m2, doublant ainsi la surface du musée (les deux ailes seront reliées). Dans cette architecture fidèle à l’esthétique industrielle brute qui a fait la réputation du musée, la Tate Modern souhaite développer les échanges avec les publics, les plus jeunes notamment. « Un lieu pour présenter de l’art autant qu’une plate-forme favorisant la rencontre humaine », dixit Chris Dercon, son directeur.

Evidemment, il y a la terrasse au dernier étage avec sa vue panoramique sur la Tamise et la « skyline » de la ville, mais pas seulement. Sous la houlette de l’artiste britannique Tim Etchells, « Tate Exchange » est un espace pensé pour organiser des débats, des performances ou encore des conférences ouvertes à tous. Car le musée londonien cherche également à engager une réflexion sur les évolutions de l’art et ses nouvelles formes. Comme ces quatre installations qui montrent comment les artistes sont passés de la réalisation de sculptures statiques à celle d’environnements immersifs. Dont les cages en acier de Ricardo Basbaum – Capsules (NBP x me-you), 2000 – dans lesquelles les visiteurs sont invités à se glisser.

Lors de l’inauguration, un week-end de festivités est prévu : une exposition de Louise Bourgeois, une chorale de 500 chanteurs menés par l’artiste Peter Liversidge ou encore des projections de vidéos issues de la collection permanente. L’occasion de s’offrir une déambulation dans Southwark et le long des quais de la Tamise, un quartier historiquement industriel qui a aujourd’hui le vent en poupe.

S’offrir une déambulation dans Southwark et le long des quais de la Tamise

Envie d’art plus contemporain ?

Pour ceux que les 20 000 m2 de la nouvelle aile auraient laissés sur leur faim, le quartier de Southwark héberge quelques intéressantes galeries contemporaines. Dont Jerwood Visual Arts pour prendre le pouls de la jeune génération. Cette galerie expose régulièrement des artistes soutenus par son programme national d’aide à la création, souvent tout juste sortis de l’école. Son Café 171, lieu confidentiel avec jardin, accueille les Londoniens bien renseignés qui s’y retrouvent à l’heure du déjeuner (prix défiant toute concurrence : 5 livres le plat du jour, soit un peu plus de 6 euros). Autre adresse cachée, au pied de la Tate Modern : la Bankside Gallery. Géré par les Sociétés royales des aquarellistes et des peintres-graveurs, cet espace de 200 m2 expose principalement des aquarelles, mais aussi des lithographies dont les prix commencent à moins d’une centaine de livres, pour qui voudrait investir avant la Tate sur les artistes de demain.

Jerwood Visual Arts : 171 Union Street, Londres SE1 0LN. www.jerwoodspace.co.uk

Bankside Gallery : 48 Hopton Street, Londres SE1 9JH. www.banksidegallery.com

Les arts (plus) vivants

A deux pas du très touristique Shakespeare’s Globe Theater, il existe une scène plus ancienne et plus confidentielle : The Rose Playhouse. Construit en 1587, excavé dans les années 1980 lors de fouilles puis sauvé par une campagne médiatique à laquelle a participé Laurence Olivier, ce théâtre élisabéthain propose une programmation consacrée à l’auteur du Roi Lear. Avec des billets plus accessibles que ceux des grandes comédies du West End : 12 livres (16 euros environ). Petite laine conseillée car le lieu n’est pas chauffé.

The Rose Playhouse : 56 Park Street, Londres SE1 9AR. www.rosetheatre.org.uk

Nourritures terrestres

Près de la Tate, mais suffisamment loin pour n’y croiser que peu de touristes, The Table propose une cuisine réalisée principalement avec des produits anglais. Son brunch – petit déjeuner typiquement british et/ou « buttermilk pancakes » – est très couru (réservation recommandée). Pour le reste de la journée, le quartier regorge de chaînes dont les formules sont plus ou moins réussies. Bonne pioche chez The Refinery qui incarne cette nouvelle génération de restaurants essaimant un peu partout dans Londres : déco industrielle, cuisine cosmopolite, service jeune et dynamique.

The Table : 83 Southwark Street, Londres SE1 0HX. www.thetablecafe.com

The Refinery : 110 Southwark Street, Londres SE1 0TF. www.therefinerybar.co.uk

Dormir dans de beaux draps

Pendant longtemps, le choix d’un hébergement à Londres se résumait à une chaîne, un peu fade, ou un bed and breakfast, un peu trop personnel. Entre les deux, il y a désormais ces hôtels design, bien pensés et accessibles qui se développent à Londres, comme dans toutes les métropoles. Ainsi du citizenM de Bankside, installé derrière la Tate Modern, qui abrite quelque 200 chambres assez petites mais très fonctionnelles. Les petits plus habituellement surfacturés sont, ici, gratuits : Wi-Fi, mini-bar et même films à la demande. Meublé avec des pièces Vitra, le lobby, spacieux lui, s’anime tous les jours avec le va-et-vient des Londoniens du quartier.

Chambre double à partir de 143 euros. 20 Lavington Street, Londres SE1 0NZ. www.citizenm.com

Avant de partir

Visit Bankside : sur ce site bien pensé, des informations sur le quartier, les restaurants, les galeries et les attractions à ne pas manquer. www.visitbankside.com

Visit London : le site de l’office de tourisme de Londres où l’on peut notamment, pour gagner du temps, acheter en ligne ses tickets de métro. www.visitlondon.com

Y aller

Le plus rapide et le simple est d’opter pour l’Eurostar qui relie Paris, Lille, Avignon ou encore Marseille à Londres. Grâce à l’opération « 2 for 1 », il suffit de présenter son billet de train pour bénéficier d’une entrée gratuite dans plusieurs musées de la ville (dont la Tate Modern). Aller-retour à partir de 78 €. Informations et réservations : www.eurostar.com