500 personnes, expulsées le 15 mai par des habitants, se sont réfugiées place de la République à Mamoudzou (chef-lieu de l’île). | ORNELLA LAMBERTI / AFP

François Hollande a appelé à la vigilance, mercredi 18 mai lors du conseil des ministres, au sujet de la situation sur l’île de Mayotte, « extrêmement préoccupante » aux yeux du chef de l’Etat, a rapporté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.

« Il y a là, avec l’immigration qui vient des Comores, un sujet sur lequel le statu quo ne peut pas être accepté », a souligné Stéphane Le Foll, insistant : « C’est un sujet extrêmement brûlant sur lequel il va falloir que l’on prenne des dispositions. »

« Les tensions liées aux migrations aujourd’hui à Mayotte conduisent à des choses qui sont assez inacceptables », a-t-il ajouté, jugeant que l’Etat va devoir « renforcer aussi ses outils ».

Mayotte, qui compte 40 % d’étrangers, sur une population de 212 600 habitants, connaît une forte pression migratoire des îles voisines des Comores, ce qui contribue aux tensions communautaires, alors que l’immigration clandestine a un impact sur le système de santé et les écoles, complètement saturés. L’Etat a reconduit à la frontière plus de 18 000 personnes en 2015.

Depuis le mois de janvier, les habitants de l’île française située au nord-ouest de Madagascar ont délogé de force plus d’un millier d’étrangers, pour la plupart comoriens, selon des chiffres de l’antenne mahoraise de la Cimade, association nationale de défense des droits des étrangers.

Quatrième opération d’expulsion depuis janvier

Ainsi, le 15 mai, plus d’une centaine de villageois ont sillonné les rues de Bouéni (sud), tapant avec des bâtons sur des casseroles et chantant, et pénétré dans les habitations de tôles des personnes qu’ils souhaitaient déloger de force. La plupart des cases étaient vides, les occupants, alertés, les ayant désertées.

C’est la quatrième opération de ce genre en cinq mois. Les résidents, rassemblés en collectif, accusent les étrangers de « vols, agressions et meurtres au quotidien », d’occupation illégale des terrains, et d’être responsables des « écoles surchargées » et du « système de santé débordé » de l’île.

En situation régulière ou non, ce sont surtout les Comoriens qui sont ciblés. Plus de 500 « expulsés » se sont réfugiés place de la République à Mamoudzou (chef-lieu de l’île), où ils sont pris en charge par des associations mahoraises mais également par la Cimade et la Croix-Rouge, qui tentent de les reloger et de rescolariser les enfants.

Dans un communiqué publié mardi, les ministères de l’intérieur et des outre-mer ont condamné « les violences commises » et rappelé que les individus impliqués auront à rendre des comptes à la justice.

Selon ce communiqué, 822 policiers et gendarmes sont mobilisés à Mayotte et 76 policiers supplémentaires seront affectés à la lutte contre l’immigration clandestine. Un plan d’action contre l’insécurité et l’immigration clandestine devrait en outre être présenté à la fin du mois à la demande de Manuel Valls.