Anna Breskal | E. Koutnouyan / Le Monde

A seulement 21 ans, Anna Breskal est fière de son année passée seule à l’étranger. Depuis septembre 2015, cette étudiante en licence de Français à Warwick, dans le centre de l’Angleterre, vit à Paris et étudie à l’université de Nanterre. Comme environ 15 000 étudiants britanniques chaque année, Anna bénéficie du programme de mobilité européen Erasmus. « C’est la plus belle expérience de ma vie. J’ai appris à être indépendante tout en ayant ce filet de sécurité qu’est Erasmus », analyse Anna.

Cette année, elle mesure particulièrement sa chance : le référendum du 23 juin sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE rend incertains les départs d’étudiants britanniques à la rentrée suivante. A Paris, chez « les Erasmus », le sujet est sur toutes les lèvres depuis quelques semaines : « On en parle constamment entre nous, confirme Anna, qui suit assidûment le débat sur Twitter et la BBC. J’ai même choisi le “Brexit” comme sujet d’un de mes examens dont le thème était libre. »

Elle surveille les sondages

Passionnée par la campagne, Anna surveille avec attention tous les sondages, angoissée à l’idée d’une sortie de l’UE : « J’étudie la langue française. L’Union européenne représente tellement d’opportunités pour mon avenir professionnel. » Son expérience Erasmus n’a fait que renforcer ses opinions : « Je me sens encore plus européenne. Le fait d’avoir rencontré tous ces étudiants de nationalités différentes m’a donné l’impression d’appartenir à une même communauté. »

C’est là toute la réussite du programme, qui fête ses trente ans en 2017. Rendu célèbre par le film de Cédric Klapisch L’Auberge espagnole (2002), Erasmus a ancré l’Europe dans l’esprit de plusieurs générations d’étudiants. « Mes parents étaient indécis sur leur vote. Mais quand ils sont venus me voir en France, ils ont compris à quoi servait l’UE, explique Anna. Mon Erasmus les a convaincus de voter contre le “Brexit” ! »

« Le “Brexit” affaiblirait notre place dans le monde »

Anna considère la sortie de l’UE comme mauvaise pour son avenir, mais aussi pour son pays. « Le Royaume-Uni a une position privilégiée, grâce à ses liens avec les Etats-Unis et le continent européen. Je pense qu’une sortie de l’UE déséquilibrerait ces relations et affaiblirait notre place dans le monde. »

Si l’année universitaire est désormais terminée, l’étudiante veut profiter autant que possible de sa mobilité. C’est donc depuis la France qu’elle suivra le résultat du référendum du 23 juin, pour lequel elle vote par procuration. « J’ai peur que le camp du “leave” [la sortie de l’UE] l’emporte, notamment si les jeunes ne se mobilisent pas. Surtout que le vote tombe au même moment que le festival de musique de Glastonbury… Ça n’aide pas ! »