« Collecter de la nourriture dont personne ne veut, pour nourrir des gens que personne n’aide. » Tel est l’objectif que s’est fixé par Elijah Amoo Addo, chef ghanéen et fondateur de l’association Food For All Ghana.

Le jeune homme de 25 ans, ancien chef d’un restaurant branché d’Accra, ambitionne de recycler les richesses des poubelles au profit des plus démunis, qu’il s’agisse d’orphelins, de filles-mères en difficulté ou des laissés-pour-compte de la société tels que les toxicomanes, les malades mentaux, les handicapés.

« On a des enfants qui ne vont pas à l’école uniquement parce qu’ils n’ont pas assez à manger. Ils doivent passer leurs journées à vendre n’importe quoi dans la rue pour réunir juste de quoi se nourrir », déplore Elijah Amoo Addo.

Comme en Occident

L’élément déclencheur lui est venu de la rue. Un jour de 2012, choqué de voir un sans-abri faire les poubelles pour nourrir ses compagnons d’infortune, le cuisinier a l’idée de Food For All Ghana (« De la nourriture pour tout le Ghana »). L’association réalise alors sa propre étude pour évaluer le gaspillage alimentaire dans le pays et en arrive à la conclusion qu’un quart des denrées est perdu chaque année.

S’inspirant des campagnes de collecte pratiquées dans les pays occidentaux, Food For All Ghana appelle les usines et les ateliers du secteur agroalimentaire à ne plus jeter leurs surplus et les produits dont les dates de péremption ou de livraison arrivent à expiration pour les laisser à la disposition de l’association.

Ces produits sont ensuite collectés, triés, traités ou cuisinés. Chaque week-end, des volontaires de Food For All Ghana parcourent écoles, hôpitaux, orphelinats et autres établissements publics pour aider les plus nécessiteux.

En 2016, l’Unicef a estimé le nombre d’enfants ghanéens vivant dans la pauvreté à 3,5 millions tandis que 1,2 million d’entre eux ne sont pas correctement nourris par leurs familles.

« Trop d’orphelinats accueillent des enfants qu’ils ne peuvent même pas nourrir », regrette M. Amoo Addo. C’est le cas du New Life Nungua, dans la banlieue d’Accra, dont le fondateur Nii Afotey Botwe, se félicite de l’action de Food For All Ghana : « Nous sommes en permanence en manque de fonds, toute aide est la bienvenue. » Grâce à l’ONG, ce jour-là le menu reste décent : du riz, de la viande, des frites, des condiments et de la sauce tomate.

Echelle continentale

Le Ghana est devenu producteur de pétrole en 2010. Malgré cette nouvelle manne financière pour Accra, la Banque mondiale estime qu’un quart des 27 millions de Ghanéens vit encore en dessous du seuil de pauvreté.

Réduire le gâchis alimentaire de seulement 15 % permettrait de nourrir plus de 7 millions de Ghanéens par an. « Nous ne sommes pas loin de résoudre le problème de la faim », n’hésite pas à prédire M. Amoo Addo, qui rêve d’ici cinq ans d’étendre son expérience ghanéenne à l’ensemble du continent.

« L’Afrique a vraiment besoin de mettre en place ce type de banques alimentaires pour assurer les besoins des plus vulnérables », estime le cuisinier, convaincu qu’avec de tels efforts, des quantités considérables de nourriture pourraient être sauvées des poubelles et bénéficier à ceux qui en ont cruellement besoin.

Au cours des trois dernières années, Food For All Ghana a fourni 48 000 repas gratuits.