Des policiers et des membres du GIGN escortent le convoi de Salah Abdeslam, arrivé vendredi 20 mai au palais de justice de Paris. | MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

Son avocat, Me Frank Berton, l’avait pourtant assuré : Salah Abdeslam a « envie de s’expliquer ». Il n’en est rien. Le premier interrogatoire, très attendu, du seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre s’est terminé dans le silence, vendredi 20 mai. Salah Abdeslam « n’a pas souhaité s’exprimer aujourd’hui » et a fait savoir « qu’il le ferait plus tard », a déclaré Me Berton à la sortie du palais de justice de Paris. D’autres auditions suivront.

Le petit caïd radicalisé devenu le fugitif le plus recherché d’Europe jusqu’à son arrestation le 18 mars à Bruxelles avait été extrait au petit matin de sa cellule de Fleury-Mérogis, au sud de Paris, où il est incarcéré à l’isolement. Son convoi, escorté par le groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), et suivi notamment par un hélicoptère, était arrivé au palais de justice, au cœur de la capitale, peu avant 7 h 15, pour y être entendu par les juges d’instruction.

L’arrivée de Salah Abdeslam au palais de justice de Paris
Durée : 00:38

Salah Abdeslam devait être entendu toute la journée par les magistrats qui l’avaient mis en examen, notamment pour assassinats terroristes, le 27 avril, lors de sa remise par la Belgique à la France.

L’un des rouages essentiels des attentats

Arrêté à Molenbeek, le quartier de Bruxelles où il a grandi, après plus de quatre mois de cavale, Salah Abdeslam est le seul protagoniste direct des attentats entre les mains de la justice française. Au cœur de la cellule, au soir des tueries et bien avant, il apparaît comme un acteur central de l’expédition meurtrière du 13 novembre qui a fait 130 morts et des centaines de blessés.

Des mois avant les attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam avait servi de logisticien, multipliant les voyages pour convoyer des membres du réseau à travers l’Europe, notamment Najim Laachraoui, possible artificier du 13 novembre mort en kamikaze lors des attentats du 22 mars qui ont fait 32 morts à Bruxelles. Peu avant les attaques, il avait loué des véhicules et des planques en région parisienne. Le soir des attentats, Salah Abdeslam a déposé les trois kamikazes du Stade de France, avant d’être exfiltré vers la Belgique. Ami d’Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attaques et tueur des terrasses, il a probablement partagé de nombreux secrets avec lui.

Autant d’éléments qui font penser aux enquêteurs que Salah Abdeslam peut, en théorie, livrer des informations cruciales sur la conception du projet djihadiste, ses commanditaires et d’éventuels complices encore dans la nature. Il peut aussi aider à démêler les liens entre les attentats de Paris et Saint-Denis et de Bruxelles, fomentés par la même cellule dl’organisation djihadiste Etat islamique.