Après avoir ouvert le score face au Chili, le 6 juin, l’Argentin Angel Di Maria brandit un tee-shirt sur lequel est écrit : « Grand-mère, tu vas beaucoup me manquer. » | Thearon W. Henderson / AFP

Sur la pelouse du stade de Santa Clara, en Californie, le public s’enflamme lors du match Argentine-Chili. A la 51e minute, Angel Di Maria hérite d’un ballon à l’entrée de la surface. Il s’avance et ouvre la marque d’une frappe du pied gauche. Score final : 2­-1, et victoire de l’Albicéleste. Quelques minutes plus tard, l’Argentin fond en larmes devant les caméras, en souvenir de sa grand-mère morte quelques heures plus tôt.

Pour la revanche de la finale de 2015, la Copa America s’est offert un nouveau moment comme seul le ballon rond peut en procurer, quand l’histoire personnelle s’affiche au tableau d’affichage. A quatre jours du début de l’Euro, l’événement passe toutefois un peu inaperçu.

Au pays du soccer

Le championnat des nations fête cette année sa 100e édition. Jusqu’au 26 juin, seize équipes s’affrontent sur le sol américain, entendez étatsunien. En effet, depuis vendredi 3 juin, la doyenne des coupes continentales se joue pour la première fois au nord de la frontière mexicaine. Pour son Centenario, elle gagne les Etats­-Unis, où le football poursuit sa campagne de séduction, vingt-deux ans après le Mondial de 1994.

Et pour l’occasion, les grandes équipes du football américain prêtent leurs écrins, comme une main tendue vers leurs petites sœurs du soccer. Dix enceintes ultramodernes, parmi lesquelles le NRG Stadium des Texans de Houston, ou le Met Life Stadium, l’antre des Giants de New York, d’une capacité de 83 000 places. Des stades démesurément grands pour un sport qui doit encore gagner en popularité en Amérique du Nord. Un enjeu symbolique qui a pesé lourd sur les épaules des Yanks, la sélection américaine, battus par la Colombie lors du match d’ouverture à Santa Clara (0-­2), samedi 4 juin.

Historique, la Copa 2016 a pourtant bien failli être annulée. Et pour cause, les présidents de la Fédération d’Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes (Concacaf) et de celle d’Amérique du Sud (Conmebol), respectivement Jeffrey Webb et Eugenio Figueredo, sont cités dans le scandale de la Fédération internationale de football (FIFA).

Hymne chilien pour l’Uruguay

« Bannis de toute activité en lien avec le football », ils comparaissaient devant la justice américaine, vendredi 3 juin, quelques heures seulement avant le coup d’envoi de la compétition. Accusés de malversations et de fraude entre 2012 et 2014 pour l’attribution de contrats de diffusion et cette Copa 2016, leur peine finale ne sera révélée qu’en novembre.

En attendant, la compétition alimente la polémique. Ainsi l’hymne chilien, joué dimanche à Glendale, en l’honneur de la sélection… uruguayenne, avant sa défaite (3­-1) face à l’équipe mexicaine. Une bourde de trop pour Edinson Cavani. Le buteur de la Céleste avait la défaite amère et s’est insurgé contre « un acte honteux et lamentable » et « un manque de respect envers [son] pays », à l’issue de la rencontre.

A l’image de l’attaquant du Paris Saint-Germain, la Copa America réserve son lot de têtes d’affiches du football mondial, pour la plupart sud-­américaines. Cette édition ne déroge pas à la règle, entre la Colombie de James Rodriguez, déjà buteur face aux Etats­-Unis, l’Uruguay du « cannibale » Luis Suarez (prématurément évincé de l’édition précédente, sanctionné pour une morsure) et l’Argentine emmenée par Lionel Messi.

Des absents de marque

En quête d’un titre depuis 1993, l’Albicéleste a déjà fait forte impression en battant le tenant du titre, le Chili, lors de son premier match. Même si, comme d’autres, son leader, le quintuple Ballon d’or paie une trop longue saison. Blessé au dos, Lionel Messi était remplaçant face au Chili. Un événement pour l’Argentin systématiquement titulaire depuis 2007. Il en va de même pour Luis Suarez et James Rodriguez, très incertains face au Mexique et au Paraguay.

Quid du Brésil ? De David Luiz et Thiago Silva, non retenus par le sélectionneur Dung, à Neymar, préservé pour les Jeux olympiques, la liste des absents de marque est longue. Dans ces conditions, les Auriverdes, emmenés par Lucas, Coutinho ou encore le grand espoir Gabriel, n’ont pas pu faire mieux qu’un nul (0-­0) face à l’Equateur, samedi lors de leur entrée en lice. Mais ils comptent bien se refaire dès jeudi à Orlando, face à Haïti.

A l’aube du deuxième tour des phases de groupes, le meilleur reste à venir dans cette Copa Centenario. A commencer par la rencontre Etats-Unis - Costa Rica de mercredi, que l’équipe du pays hôte ne doit impérativement pas perdre si elle veut garantir son avenir dans la compétition.