Madame Bovary, l’œuvre maîtresse de Gustave Flaubert. | Chris Drumm

L’œuvre majeure de Gustave Flaubert, Madame Bovary, était au centre de l’épreuve de littérature du bac L, lundi 20 juin. Les candidats de la série littéraire étaient interrogés sur l’incipit du roman, avec la présentation de Charles Bovary, ainsi que sur l’absence, ou la présence, de la personnalité de l’auteur dans cette œuvre. En voici un corrigé proposé par un enseignant sélectionné par notre partenaire Digischool.

Deux questions étaient posées aux candidats des séries littéraires :

1) Dans le scénario initial de Madame Bovary, Flaubert notait : « Charles Bovary officier de santé 33 ans quand commence le livre. » Il ajoute dans la marge : « Commencer par l’entrée au collège. » Qu’y a-t-il d’intéressant dans le choix finalement retenu ?

2) Dans une lettre à Louise Colet en 1852, Flaubert note à propos de son roman Madame Bovary : « Personnalité de l’auteur absente. » Votre connaissance de l’œuvre et des documents relatifs à sa genèse vérifie-t-elle cette affirmation ?

Voici, pour chacune de ces questions, le premier paragraphe du corrigé de Digischool :

1) Le choix retenu pour cet incipit est intéressant à plusieurs égards. Tout d’abord, commencer le roman par l’entrée du personnage de Charles au collège permet de considérer toute la vie de Charles dans son entièreté, dans l’espace du roman. En effet, si l’incipit évoque l’entrée de Charles dans la vie scolaire, et donc intellectuelle, le roman s’achève sur sa mort – et non sur celle d’Emma Bovary. On pourrait donc dire que cette considération donne à Charles le statut de personnage principal, et non pas à Emma.

2) Des premiers plans de Madame Bovary, jusqu’aux écrits qui suivront sa publication, Flaubert a répété son exigence d’impersonnalité : ainsi, dans une lettre à Louise Colet de 1852, il note : « Personnalité de l’auteur absente. » L’absence de la personnalité de l’auteur dans le texte a effectivement été relevée par la critique, et ce dès 1857 avec la critique de Sainte-Beuve. Pourtant, plusieurs éléments permettent de nuancer cette affirmation, et d’attester une présence auctoriale dans le texte. Premièrement, si le cadre choisi pour le roman semble avoir des résonances autobiographiques (campagne normande, présence de l’univers médical...), c’est également le cas de certains passages très particuliers, qui semblent faire écho à des événements précis de la vie de Flaubert. Ainsi, le sceau Amor nel cor qu’Emma offre à Rodolphe, dans la deuxième partie du roman, et avec lequel Rodolphe scellera sa lettre de rupture, est une référence ironique à un sceau que l’amante de Flaubert, Louise Colet, lui avait effectivement offert. De même, Flaubert a déjà assisté, à Constantinople, à l’opéra Lucie de Lammermoor, qu’Emma et Charles vont voir à Rouen. Ces références servent le réalisme de l’œuvre, tout comme elles permettent d’inscrire la personnalité de l’auteur dans le texte.

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