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« Il y avait un + au lieu d’un - » : voilà une erreur d’énoncé toute bête que l’enseignant de mathématiques pardonne aisément à ses élèves lorsque ceux-ci ont mal recopié un exercice sous l’effet du stress, à l’occasion d’un « DST » (devoir sur table). En est-il de même lorsque la « bévue » dans une fraction vient du ministère de l’éducation nationale et qu’elle affecte, au baccalauréat S – la voie dite royale – les candidats planchant, en maths, sur l’épreuve de spécialité, avec un coefficient 9 à la clé ?

C’est ce qui s’est passé, lundi 20 juin au matin. L’erreur n’a pas été dénoncée, comme c’est parfois le cas, sur les réseaux sociaux : l’institution a pris les devants pour corriger le tir. « Un rectificatif [de la fraction erronée] a été communiqué à 10 h 06 à tous les élèves, soit à peine plus de deux heures après le début de l’épreuve », explique-t-on rue de Grenelle. Il n’en reste pas moins que ce sont les élèves eux-mêmes qui ont probablement vu et donné l’alerte. « Dans ce type de situation, l’information remonte très vite des candidats aux surveillants, des surveillants aux chefs de centre d’examen, des centres jusqu’aux rectorats pour finir au ministère », commente-t-on dans l’entourage de la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem. « Sur 2 900 sujets d’examen élaborés chaque année, la vigilance est de mise mais le risque zéro n’existe pas », nuance un enseignant et correcteur du bac.

Ce n’est qu’en sortant de l’épreuve que les candidats ont commencé à commenter sur les réseaux sociaux l’erreur en question.

« Evaluer l’impact de l’erreur »

En cause lundi, la 5e et dernière question du troisième exercice – l’épreuve en comportant quatre, chacun décliné en cinq questions. De quoi modifier le barème de la notation ? Ce n’est pas la décision qui a été prise. « On va attendre l’étalonnage des copies, un petit nombre d’entre elles étant, comme chaque année, corrigées pour ajuster les barèmes des exercices ; c’est ça qui va nous permettre d’évaluer l’impact de l’erreur d’intitulé, précise-t-on au ministère. Puis toutes les copies seront réparties entre les correcteurs, et ce sera aux commissions d’harmonisation de repérer si difficulté de correction il y a. »

On se souvient de la polémique qui avait émaillé la session 2011 du bac : après une fuite sur Internet d’une partie de l’épreuve de maths de la série S, l’ex-ministre de l’éducation Luc Chatel avait opté pour que les élèves soient notés sur trois exercices au lieu de quatre. Ou de la controverse qui, en 2014, avait porté sur la difficulté des épreuves – une pétition des élèves de terminale S faisant grand bruit sur les réseaux sociaux. « Il faut savoir tenir à distance ce type de controverses, réagit Bernard Egger, président de l’Association des enseignants de mathématiques. Elles alertent élèves et parents mais ne sont pas aussi cruciales qu’elles peuvent le sembler… Est-ce qu’on ne connaît pas, à l’avance, le pourcentage de réussite au baccalauréat ? » Pas sûr que cela suffise à rassurer les candidats.

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