Blocage de raffineries et de ports, huitième journée nationale d’action, appels à la grève : les partisans du retrait de la loi travail promettent de durcir encore leur mouvement cette semaine pour faire plier le gouvernement. Tour d’horizon des perturbations à attendre dans les prochains jours.

  • Le blocage des raffineries se poursuit

La Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO) ont renouvelé leur appel à bloquer des raffineries et des dépôts de carburants. Quatre des huit raffineries françaises – qui représentent près de 50 % de la capacité de raffinage – sont affectées : certaines unités de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Lyon) sont à l’arrêt, tandis que Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne au ralenti.

Durant le week-end du 22 et 23 mai, les automobilistes se sont rués sur les pompes à essence, notamment dans le nord et l’ouest. Sur les 12 000 stations en France métropolitaine, 1 500 sont en rupture partielle ou totale, a annoncé le secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies. Plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution de carburant. Le gouvernement a toutefois affirmé dimanche qu’il n’y avait « pas de risque de pénurie ».

  • Grève à la SNCF mercredi et jeudi

La CGT et SUD ont reconduit l’appel à la grève lancé le 18 mai pour peser dans les négociations sur les conditions de travail des cheminots et protester contre la loi travail. Des perturbations sont donc à prévoir mercredi et jeudi. La semaine dernière, les liaisons TER (un train sur deux) et Intercités (deux trains sur cinq) avaient été les plus touchées, devant les lignes TGV (deux trains sur trois), Transilien (trois trains sur cinq) et RER (trois trains sur quatre). La SNCF diffusera dans la soirée de lundi ses prévisions concernant le trafic ferroviaire du 25 mai.

  • Une huitième journée nationale de mobilisation jeudi

Les opposants au projet de loi travail battront le pavé jeudi, lors d’une huitième journée nationale de grèves et de manifestations à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-FSU-Unef-Fidl-UNL. Une neuvième journée est d’ores et déjà programmée le 14 juin, avec pour l’occasion un rassemblement unique à Paris. Alors que le mouvement semblait s’essouffler depuis le 31 mars (entre 390 000 et 1,2 million de manifestants), il a repris de l’ampleur jeudi 19 mai, avec entre 128 000 et 400 000 personnes dans les cortèges.

L’enjeu pour les syndicats est désormais de propager cette mobilisation de la rue aux entreprises, en multipliant les arrêts de travail. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé mardi à « généraliser les grèves ». Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral de la centrale syndicale et chargé du dossier loi travail, a, quant à lui, estimé que l’objectif est de « s’appuyer sur les secteurs en grève reconductible – raffineries, cheminots – pour faire la jonction avec ceux qui vont entrer dans le mouvement. »

  • Nouvelles actions dans les ports

La CGT demande aux dockers de suivre les appels à la grève des 26 mai et 14 juin. « L’activité sera à zéro dans la plupart des ports », a prévenu Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks. D’ici là, ajoute ce dernier, « on appelle nos camarades à être solidaires des initiatives territoriales », après des actions dans les ports de Nantes-Saint-Nazaire, du Havre ou encore de Lorient la semaine dernière.

A Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, le personnel a reconduit jusqu’à lundi sa grève, qui empêche tout mouvement de bateau. Une nouvelle assemblée générale se tiendra à 8 heures pour décider des suites du mouvement.

  • Incertitudes sur la mobilisation des routiers

Le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement des routiers en leur promettant que la réforme n’aurait pas d’effets sur leurs heures supplémentaires, qui ne pourront donc pas être majorées de moins de 25 %. Une « très bonne nouvelle » saluée par la CGT et FO, qui ont toutefois appelé à continuer les opérations escargots, blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants.

Pas sûr que la base suive, selon une source syndicale : « On appelle à poursuivre jusqu’au retrait du projet de loi, mais on sait que la réaction des salariés ne sera pas tout à fait la même. Les heures supplémentaires, c’est vraiment ce qui crispait. »