L’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy, ici le 6 juin 2016, est mis en examen dans cette affaire pour financement illégal de campagne électorale. | FRANÇOIS GUILLOT / AFP

Les juges d’instruction ont terminé leurs investigations dans l’enquête Bygmalion sur un système de fausses factures et des soupçons d’explosion du plafond des dépenses lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, a annoncé mardi 7 juin une source judiciaire.

La clôture de l’enquête ouvre un délai durant lequel les parties peuvent faire de nouvelles demandes d’actes, avant les réquisitions du parquet et la décision finale des juges d’instruction sur un éventuel procès.

L’ancien chef de l’Etat est mis en examen dans cette affaire pour financement illégal de campagne électorale, mais il n’est pas mis en cause pour avoir eu connaissance d’un système de fausses factures. Cadres de l’ancienne UMP (ex-parti Les Républicains), responsables de la campagne présidentielle, dirigeants de la société de communication Bygmalion et de sa filiale événementielle Event and Cie, au total treize autres personnes sont mises en examen dans cette enquête ouverte aussi pour faux, abus de confiance et escroquerie.

Un budget de campagne largement dépassé

Pour les enquêteurs, les fausses factures établies par Event and Cie pour des conventions de l’UMP qui n’ont jamais eu lieu ont permis d’imputer au parti environ 18,5 millions d’euros de dépenses correspondant en fait à des prestations pour des meetings présidentiels. La fraude aurait permis de présenter un budget dans les clous, c’est-à-dire sous le plafond légal de 22,5 millions d’euros, alors qu’il était largement dépassé en raison de la multiplication des meetings.

Des dirigeants de Bygmalion ou Event and Cie ont reconnu leur participation à un tel système, tout comme Jérôme Lavrilleux, l’ancien directeur adjoint de la campagne et ancien bras droit de Jean-François Copé à l’UMP, a reconnu en avoir eu connaissance.

Nicolas Sarkozy a qualifié cette thèse de « farce », contestant tout dérapage de ses dépenses et soulevant l’hypothèse de surfacturations de la part des dirigeants de Bygmalion dans le dos de son équipe de campagne.

D’autres dépenses suspectes

Une expertise financière rendue à la mi-avril aux juges d’instruction ne conclut toutefois pas à des anomalies dans les prix pratiqués par Bygmalion tout au long de la campagne.

La thèse d’une fraude conçue uniquement entre Bygmalion et l’UMP dans le dos des responsables de la campagne s’était déjà étiolée avec l’extension de l’enquête à d’autres dépenses suspectes qui ne concernent pas cette société de communication, par exemple pour le transport de militants. Ces autres dépenses s’élèvent à plusieurs millions d’euros.