Simon Gbagbo devant la cour d’assises d’Abidjan, le 1er juin. | ISSOUF SANOGO / AFP

Poursuivie pour crimes contre l’humanité, l’ancienne première dame ivoirienne Simone Gbagbo a catégoriquement nié avoir été en contact avec des escadrons de la mort pendant la crise post-électorale de 2010.

Jugée par la cour d’assises d’Abidjan depuis le 31 mai, Mme Gbagbo est soupçonnée d’être impliquée dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier favorable à Alassane Ouattara – le rival de son mari à la présidentielle. Elle aurait également, selon l’accusation, orchestré la répression sanglante des femmes d’Abobo et participé à une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques menées par des milices et des forces armées proches du régime.

Au cours de l’audience de lundi, l’un des avocats de la partie civile a demandé à Simone Gbagbo si elle avait eu « connaissance d’un document qui parle d’une cellule d’éradication de la peste ». Selon l’avocat, ce document élaborait « une stratégie pour exterminer un groupe d’individus ». « Je n’ai pas connaissance d’un tel document », a répondu sèchement l’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, allant jusqu’à accuser l’un des avocats d’en être « le rédacteur ».

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Les éléments « remis par l’accusation » sont contestés par les avocats de la défense, qui rappellent que des papiers ont été saisis, au domicile du couple lors de leur arrestation le 11 avril 2011, de « façon illégale », mettant en doute « l’authenticité » de certaines pièces versées au dossier.

« Etiez-vous en contact avec les escadrons de la mort ? », a encore demandé l’avocat de la partie civile. « Je n’étais en contact avec aucun escadron de la mort. Je n’aime pas les armes. Je n’ai pas une âme de guerrière », a répété l’ex-première dame, ajoutant : « Les combats que j’ai menés, c’est avec ma bouche. » « Je n’ai envoyé personne aller faire la guerre », a-t-elle affirmé.

Simone Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de vingt ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », prononcée l’an dernier. L’audience doit se poursuivre mardi, avec l’intervention de la défense.

La crise post-électorale en Côte d’Ivoire de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts en cinq mois, avait été provoquée par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.