Des proches de passagers de l’avion d’EgyptAir à l’aéroport Roissy-Charles-de- Gaulle, le 19 mai. | Michel Euler / AP

Un Airbus A320 d’Egypt­Air effectuant la liaison Paris-Le Caire, avec 66 personnes à bord a disparu, à l’aube, jeudi 19 mai, « au-dessus de la Méditerranée », quarante-cinq minutes avant son atterrissage, a indiqué la compagnie aérienne nationale égyptienne. Aucune explication n’était encore avancée mais la compagnie égyptienne indiquait que le vol avait émis « un signal de détresse » peu de temps auparavant. Une information toutefois démentie jeudi matin par l’armée égyptienne.

L’avion se serait écrasé au large de l’île grecque de Karpathos, dans le sud-est de la mer Egée, « alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien égyptien », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) une source de l’aviation civile grecque. « Vers 00 h 29 GMT (03 h 29 locales), alors qu’il se trouvait dans l’espace aérien égyptien, l’avion a disparu des radars grecs (…), il s’est écrasé à environ 130 milles de l’île de Karpathos », située entre Rhodes et la Crète, a indiqué cette source.

L’avion transportait 56 passagers, dont trente Egyptiens et quinze Français

Le vol MS804 avait décollé aux alentours de 23 heures de l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle. Un peu moins de quatre heures plus tard, EgyptAir annonçait sur son compte Twitter avoir « perdu la communication avec le système de repérage radar de l’avion ». Il volait alors à plus de 11 000 mètres d’altitude, depuis dix-sept kilomètres à l’intérieur de l’espace aérien égyptien. L’avion transportait 56 passagers – auxquels s’ajoutent les sept membres d’équipage et les trois personnels de sécurité –, a précisé la compagnie qui a décompté parmi eux trente Egyptiens, quinze Français, deux Irakiens, un Britannique, un Canadien, un Belge, un Portugais, un Algérien, un Soudanais, un Tchadien, un Saoudien et un Koweïtien.

Le président français, François Hollande, s’est entretenu dès jeudi matin avec son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. Les deux chefs d’Etat « sont convenus de coopérer étroitement pour établir le plus vite possible les circonstances de cette disparition », selon l’Elysée. Une cellule de crise a été ouverte au Quai d’Orsay. « Les équipes du ministère et de notre ambassade au Caire sont pleinement mobilisées pour obtenir des informations sur cette disparition. Je partage l’angoisse des familles des passagers », a indiqué le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault.

L’équipage semblait très expérimenté avec à sa tête un commandant de bord comptant 6 275 heures de vol à son actif

Paris Aéroport (ex-Aéroports de Paris) a de son côté constitué une cellule de crise avec la préfecture de police de Roissy. Les familles des passagers qui se présentaient, jeudi matin, au terminal 1 de l’aéroport étaient conduites à l’écart dans un hôtel par les représentants de la compagnie égyptienne, selon une source aéroportuaire. « Nous allons évidemment nous mobiliser », a ajouté le chef de la diplomatie française devant la presse. Il s’exprimait à l’issue d’une réunion interministérielle d’urgence tenue jeudi matin autour du président français. « Nous sommes à la dispositiondes autorités égyptiennes, avec nos capacités militaires, nos avions, nos bateaux, pour participer aux recherches », a ajouté M. Ayrault.

« Nous ne pouvons rien exclure, pour l’instant »

Un Airbus A320 aux couleurs d’EgyptAir. | ANDRAS SOOS / AFP

« Des opérations de recherche de l’appareil sont en cours en ce moment dans la zone où il est supposé avoir perdu le contact », a indiqué le premier ministre égyptien, Chérif Ismaïl, à la presse. Prié par un journaliste de dire s’il pouvait exclure l’hypothèse d’un acte terroriste, il a répondu : « Nous ne pouvons rien exclure pour l’instant, ni confirmer quoi que ce soit. Toutes les opérations de recherche doivent être menées à bien avant que nous puissions connaître la cause. » Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, devait présider dans la matinée une réunion du Conseil de sécurité nationale, sans préciser si la disparition de l’avion serait évoquée lors de cette réunion. « Pour l’heure, nous ne savons pas pourquoi l’avion a disparu », a confirmé un porte-parole de la compagnie nationale égyptienne dans un communiqué. La même prudence prévalait du côté du chef du gouvernement français, Manuel Valls, qui n’écartait « aucune hypothèse sur les causes de la disparition ».

Les mesures de sécurité à l’aéroport de Paris ont été considérablement renforcées depuis les attentats du 13 novembre 2015 qui ont touché la capitale française puis l’aéroport de Bruxelles en mars. La disparition du vol MS804 rappelle le crash de l’avion de la compagnie Metrojet qui avait fait 224 morts, majoritairement russes, le 31 octobre 2015. L’appareil qui avait décollé de la station balnéaire égyptienne de Charm El-Cheikh avait explosé au­-dessus du désert du Sinaï quelques minutes après son décollage. Selon les enquêteurs, une bombe dissimulée dans une canette de soda aurait été placée à bord.

Parmi les pistes qui seront explorées figurent également l’incident technique. L’Airbus A320 d’EgyptAir, un appareil moyen-­courrier, était assez récent car livré en 2003. Le constructeur, qui a activé « une salle de crise » se refuse pour l’instant à tout commentaire. La compagnie égyptienne jouit par ailleurs d’une bonne réputation. L’équipage semblait très expérimenté avec à sa tête un commandant de bord comptant 6 275 heures de vol à son actif, dont plus du tiers aux commandes de ce type d’appareil. Son co­pilote, n’était pas non plus un novice avec 2 766 heures de vol.