Une grève illimitée a commencé mercredi 1er juin à la SNCF. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

De nouvelles manifestations contre la loi travail étaient prévues jeudi 2 juin, notamment à Nantes, Rennes, Toulouse et Marseille, ainsi qu’à Paris. Le mouvement se poursuit, alors que Philippe Martinez, le patron de la CGT, a assuré qu’il n’était « pas question de bloquer l’Euro ». Il a à nouveau accusé l’exécutif de refuser le dialogue.

« Ces derniers jours, la CGT a dit qu’ils étaient prêts à discuter, c’est bien et ma porte a toujours été et restera toujours ouverte. Mais créer aussi l’esprit de la discussion c’est mieux », lui a rétorqué la ministre du travail, Myriam El-Khomri jeudi, dénonçant « encore des appels au blocage » et rappelant que le retrait du texte « n’était pas une option ».

De son côté, le premier ministre a évoqué son « sentiment de gâchis » à propos de l’impact économique du conflit social. Les grèves persistent dans les raffineries, dans les ports et docks, l’énergie. Elles ont débuté lundi dans le secteur du traitement des déchets. « Reculer serait une faute politique », a toutefois martelé Manuel Valls. François Hommeril, le nouveau président de la CFE-CGC juge au contraire que faire marche arrière serait une preuve de « courage politique ».

Les tensions n’opposent pas uniquement les syndicats au gouvernement. Après avoir qualifié les militants de la CGT de « terroristes », Pierre Gattaz, le leader du Medef, a reconnu mercredi l’emploi d’un mot « inadapté », tout en décriant « les méthodes de voyous employées par la CGT ». Philippe Martinez a annoncé une plainte pour diffamation contre le patron des patrons, qui a répliqué en appelant les entreprises touchées par les blocages à porter plainte pour « délit d’entrave à la liberté du travail ». Des manifestants bloquaient jeudi matin l’entrée de l’usine Radiall à Voreppe (Isère), propriété de M. Gattaz, « pour marquer le coup face aux propos injurieux du président du Medef à l’égard de la mobilisation sociale », a déclaré Benjamin Moisset, membre de Solidaires et présent sur place.

Laurent Berger, numéro un de la CFDT, a dénoncé une « coalition de ceux qui préfèrent le statu quo », critiquant à la fois une CGT « qui n’a fait aucune proposition » sur la loi travail, et un Medef « qui cherche des adversaires et non des solutions ».

  • Rail : grève reconduite à la SNCF, RER B perturbé

La grève à la SNCF a été reconduite pour jeudi par toutes les assemblées générales de grévistes. Les conséquences sur le trafic sont similaires jeudi matin à celles de mercredi avec seulement 40 % des Transiliens, le tiers des Intercités, la moitié des TER en circulation et six TGV sur dix.

Du côté de la RATP, où débute jeudi une grève illimitée à l’appel de la CGT, le trafic était normal dans le métro, les bus, les tramways et le RER A, selon le point de 6 h 15 communiqué par un porte-parole.

Pour l’Ile-de-France, des perturbations sont aussi attendues à partir de jeudi sur le RER B, géré par la Régie autonome des transports parisiens (RATP).

La CGT-Cheminots et SUD-rail demandent la réouverture des négociations sur une convention collective commune au secteur, pour lesquelles l’UTP (regroupant SNCF et entreprises privées) a déjà transmis un projet d’accord soumis à signature d’ici au 8 juin.

  • Aérien : levée du préavis de grève du 3 au 5 juin

Le trafic était légèrement perturbé jeudi, notamment à Orly et Lille où Air France a annulé 10 % des vols, en raison d’une grève des contrôleurs aériens répondant à un appel de la CGT-fonction publique contre la loi travail qu’ils jugent « inacceptable ». Il a été relayé par l’USAC-CGT, premier syndicat de l’aviation civile, qui gère notamment le contrôle aérien.

Le transporteur britannique easyJet indique avoir « dû annuler six vols » en France et s’attend à d’« autres perturbations et retards sur [son] programme de vols ».

Les syndicats appelaient également à la grève de vendredi à dimanche, cette fois pour défendre des revendications catégorielles (effectifs, primes, etc.). Mais l’ensemble des syndicats de l’aviation civile ont levé leur préavis de grève après la signature d’un accord, a annoncé le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, qui « salue la signature avec les organisations FO, CFDT et CGT » après celles des syndicats SNCTA et UNSA. Un préavis allant du 3 au 5 juin avait été déposé pour demander l’arrêt des baisses d’effectifs et renégocier un cadre social et indemnitaire favorable.

  • Nucléaire : seize centrales prévoient des interruptions jeudi

La CGT a lancé un appel à la grève reconductible. La CFE-CGC Energies et l’Unsa Energies ont décidé de se joindre à la mobilisation. Un arrêt de travail allant de une heure à journée entière jeudi a été votée dans 16 des 19 centrales nucléaires françaises. Le mouvement devrait aussi toucher les centrales thermiques et hydrauliques, avec pour conséquence des baisses de charge.

  • Carburant : grève reportée jusqu’à lundi dans les terminaux pétroliers havrais

La grève du personnel des terminaux pétroliers havrais (CIM), par lequel transitent 40 % du brut importé par la France, a été une nouvelle fois reconduite mercredi, et ce jusqu’à lundi midi, a annoncé la CGT, unique syndicat de l’entreprise. Depuis vendredi, toutefois, sur injonction du premier ministre, un service minimum est assuré par dix-sept cadres qui travaillent et dorment sur place depuis le début du mouvement.

Selon le secrétariat d’Etat aux transports, la situation s’améliore du côté des stations-service. « Nous sommes passés en dessous de 5 % de stations fermées », a dit son porte-parole.

  • Saint-Nazaire : des accès aux chantiers navals bloqués

Au moins 600 personnes, selon la police, bloquaient jeudi matin les accès aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour protester contre la loi travail. Salariés de STX France et d’Airbus, agents portuaires et dockers, cheminots, métallurgistes, agents territoriaux étaient massés depuis 8 heures au niveau de trois ronds-points menant aux chantiers navals, à l’appel de la CGT et de Force ouvrière (FO), bloquant leurs accès aux camions et véhicules.

Ce blocage a été décidé à l’occasion du déplacement du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian à Saint-Nazaire, pour la cérémonie de livraison d’un navire de guerre à l’Egypte, mais sa venue pourrait être annulée selon une source policière.