Le premier ministre croate, Tihomir Oreskovic, le 3 juin. | ANTONIO BRONIC / REUTERS

Sous le feu de nombreuses polémiques, le gouvernement croate, conduit par le nationaliste Tihomir Oreskovic, a été censuré par le Parlement, jeudi 16 juin. Une motion de défiance a été adoptée « à une large majorité », a déclaré aux députés le président de l’Assemblée, Zeljko Reiner après le vote, ouvrant la porte à une nouvelle phase de négociations entre partis, cinq mois à peine après la constitution du précédent gouvernement. Le premier ministre croate avait perdu le soutien des nationalistes du HDZ, qui composait, depuis janvier, sa majorité avec Most, formation politique de centre-droit.

Sa chute vient conclure des mois marqués par la multiplication des controverses, sur fond d’exaltation des valeurs traditionnelles, nationalistes et catholiques, et d’accusations d’avoir voulu relativiser les crimes commis par le régime oustachi pro-nazis durant la deuxième guerre mondiale.

« Dérive droitière »

La nomination comme ministre de la culture d’un historien accusé de révisionnisme, Zlatko Hasanbegovic, avait ainsi choqué en Croatie comme à l’étranger. La communauté juive comme la minorité serbe avaient boycotté en avril une commémoration à Jasenovac, « l’Auschwitz croate », pour protester contre ce qu’ils percevaient comme une « dérive droitière » et une tendance générale à relativiser les crimes oustachis.

Autres reproches de la société civile : la volonté supposée du gouvernement de mettre au pas les médias, de contrôler l’éducation, la remise en cause d’acquis anciens comme le droit des femmes à l’avortement, ou encore l’influence croissante de l’Eglise catholique dans la société. Il y a quelques jours, les évêques croates avaient d’ailleurs exprimé leur « profonde inquiétude » sur la crise politique menaçant le gouvernement, dénonçant les « intérêts politiques égoïstes » et les « profits partisans ».